Actualités of Sunday, 27 July 2025

Source: www.camerounweb.com

100 millions à prendre ou à laisser: révélations chocs sur le business des partis politiques

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Les révélations de Valère Bessala sur les pratiques de "location" de partis politiques éclairent d'un jour nouveau les stratégies électorales au Cameroun et les obstacles financiers auxquels font face les candidats indépendants.

Dans l'émission "Le Club" sur Bnews1, Valère Bessala a levé le voile sur une pratique méconnue du grand public mais apparemment répandue dans le milieu politique camerounais : le commerce des étiquettes partisanes pour les élections présidentielles. Ses révélations éclairent les difficultés rencontrées par les candidats qui ne disposent pas de leur propre formation politique.

"On avait un plan B qui, en fait, est un plan A c'est-à-dire prendre un parti d'emprunt. Mais c'est exorbitant : 60 millions. Il y a des partis de 100 millions", a confié Valère Bessala, révélant l'existence d'un véritable marché de l'investiture politique.

Ces sommes, exprimées vraisemblablement en francs CFA, illustrent les barrières financières considérables que doivent franchir les aspirants candidats qui ne possèdent pas leur propre parti politique. Avec des tarifs oscillant entre 60 et 100 millions de francs CFA, l'accès à une candidature présidentielle devient un privilège réservé à une élite économique.

Au-delà de l'aspect financier, Valère Bessala a souligné l'incertitude qui entoure ces transactions politiques : "Je ne suis pas prêt à donner de l'argent à un parti politique et ne même pas être sûr qu'à Elecam ils ne vont pas faire ce qu'ils ont fait à beaucoup de partis."

Cette déclaration fait écho aux problèmes rencontrés par plusieurs formations politiques lors de l'examen des candidatures par Elecam. Le cas de Maurice Kamto, invalidé pour "pluralité de candidatures" au sein du Manidem, illustre parfaitement ces risques : payer une investiture ne garantit nullement la validation finale du dossier.

L'expérience personnelle de Valère Bessala confirme ces craintes : "Le parti que j'avais justement saisi pour cela et qui me demandait cette somme a justement connu une double candidature et a été éliminé."

Cette anecdote révèle comment les partis politiques peuvent se retrouver dans des situations de "double candidature" - exactement le motif invoqué pour écarter Maurice Kamto. Elle suggère également que ces problèmes internes aux partis ne sont pas accidentels et peuvent survenir même après négociation financière.

Avec un certain fatalisme teinté d'humour, Valère Bessala a conclu : "Et je me suis dit, peut-être mes ancêtres m'ont protégé de quelque chose." Cette remarque, au-delà de son aspect anecdotique, souligne l'imprévisibilité du processus électoral camerounais et les pièges qui peuvent guetter les candidats.

Ces révélations soulèvent des questions fondamentales sur l'équité du processus électoral camerounais. Si l'accès à une candidature présidentielle nécessite des dizaines de millions de francs CFA, cela crée une discrimination économique qui limite de facto la diversité des candidatures.

Le système décrit par Valère Bessala révèle également les vulnérabilités du cadre légal actuel. La possibilité pour des partis de "louer" leur étiquette, combinée aux risques de manipulation interne, transforme la course à l'investiture en un parcours semé d'embûches financières et juridiques.

Cette économie parallèle de la politique camerounaise reste largement opaque. Les montants évoqués par Valère Bessala donnent un aperçu rare des transactions qui se déroulent en coulisses, loin des débats publics sur les programmes et les idées.

Avec 70 candidatures rejetées par Elecam selon les chiffres officiels, on peut s'interroger sur le nombre de ces rejets qui concernent des candidats ayant investi dans des "partis d'emprunt" sans obtenir le sésame espéré.