Actualités of Monday, 19 May 2025

Source: www.camerounweb.com

1,3 milliards débloqués pour une mobilisation pour Paul Biya : l’heure des comptes a sonné, le Cabinet civil va sévir

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L'information est tombée comme un couperet : le Cabinet civil de la présidence de la République a officiellement demandé aux organisateurs de la marche des "100.000 jeunes derrière Paul Biya" de justifier l'utilisation des 1,3 milliard de francs CFA alloués pour cet événement. Cette requête, adressée directement à Monsieur Atikou Kalda, coordinateur principal de l'initiative, intervient quelques jours après la tenue controversée de cette manifestation à Maroua.
La marche qui s'est finalement déroulée le 10 mai dernier dans les rues de Maroua avait déjà fait l'objet d'une polémique avant même sa tenue. Initialement interdite par une directive provenant du bureau politique du RDPC, via un communiqué signé par Jacques Fame Ndongo, elle avait néanmoins eu lieu, exposant des fractures au sein même de l'appareil politique au pouvoir.

Selon nos sources, les organisateurs avaient bénéficié d'un financement conséquent de 1,3 milliard de francs CFA pour mobiliser "100.000 jeunes" en soutien à une éventuelle candidature du président Paul Biya pour 2025. C'est précisément l'utilisation de cette somme qui fait aujourd'hui l'objet d'une demande de clarification par les services de la présidence.

"Le Cabinet civil exige des pièces justificatives détaillées sur l'emploi de ces fonds publics", nous confie une source proche du dossier. "Il s'agit d'une procédure administrative normale pour tout événement bénéficiant d'un financement de cette envergure."

Si la demande de justificatifs financiers est présentée comme une démarche de routine, elle soulève néanmoins des interrogations sur le succès réel de la mobilisation. Plusieurs observateurs présents à Maroua le jour de la manifestation ont estimé que le nombre de participants était bien en deçà des 100.000 annoncés.

"J'ai vu au maximum 20.000 personnes, ce qui est déjà considérable pour Maroua, mais très loin des chiffres promis", témoigne un journaliste local sous couvert d'anonymat. Cette différence significative entre les ambitions affichées et la réalité du terrain pourrait expliquer l'empressement des autorités à vérifier l'usage des fonds.

La requête du Cabinet civil semble particulièrement cibler les dépenses liées au transport des participants venus des départements périphériques, à la logistique (chapiteaux, sonorisation, restauration) et aux "motivations" diverses destinées à assurer une forte mobilisation.

Cette affaire s'inscrit dans un contexte politique particulier pour la région de l'Extrême-Nord. La marche du 10 mai avait initialement reçu le soutien du président de l'Assemblée nationale avant d'être désavouée par la hiérarchie du parti au pouvoir, créant une confusion inhabituelle.

L'interdiction initiale avait été interprétée comme le signe d'une lutte d'influence entre différentes factions du RDPC, certaines souhaitant contrôler strictement le calendrier et la nature des manifestations de soutien au président Biya à l'approche de l'échéance électorale.

"Le fait que la marche se soit finalement tenue malgré l'interdiction officielle, et qu'aujourd'hui on demande des comptes sur son financement, révèle les tensions qui traversent l'appareil politique", analyse un politologue camerounais spécialiste des dynamiques du pouvoir.

Monsieur Atikou Kalda, principal coordinateur de l'événement et destinataire des fonds, se retrouve aujourd'hui dans une position délicate. Contacté par notre rédaction, il s'est contenté d'indiquer que "toutes les dépenses ont été effectuées dans la transparence et conformément aux objectifs fixés".
Selon nos informations, il disposerait d'un délai de deux semaines pour fournir l'ensemble des justificatifs demandés, incluant factures, reçus et listes de présence dans les différents points de rassemblement et de restauration.