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Actualités of Thursday, 19 April 2018

Source: cameroon-tribune.cm

Occultisme: le mode opératoire d’une nouvelle ‘secte’ dévoilé à Mfoundi!

Les activités du MIDA ont été suspendues par le préfet du Mfoundi Les activités du MIDA ont été suspendues par le préfet du Mfoundi

Au moment où nous mettions sous presse l’enquête que CT a publiée vendredi dernier en page 14 sous le titre « "Ces formations" rémunérées qui prospèrent », se référant aux activités d’un groupe appelé Mida (Mission d’intégration et de développement pour l’Afrique), nous apprenions que le préfet du Mfoundi avait convoqué les leaders de ce mouvement.

Notre enquête a révélé que la Mission se déploie à Yaoundé depuis plusieurs mois et que des jeunes gens se bousculent au quartier Ahala, lieu-dit "Repos du chef" pour s’inscrire à la huitième vague de la formation qu’elle prétend offrir. La cinquième promotion de la supposée formation avait un effectif de 1 800 inscrits.

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Ce qui suscite des interrogations. CT s’est rapproché de Jean-Claude Tsila. Le préfet du département du Mfoundi qui vient de signer un arrêté portant suspension des activités de l’Institut Mida sur son territoire de commandement.

Jean-Claude Tsila, préfet du Mfoundi, explique.

Vous venez de tenir une réunion à laquelle les responsables de Mida étaient conviés. Qu’est-ce qui en ressort ?

J’ai été informé des activités de ce groupe à travers les compte-rendus de terrain de mes collaborateurs des services spécialisés. Ce groupe se fait appeler Institut Mida (Mission d’intégration et de développement pour l’Afrique, Ndlr) chargée de la prévention des crises civiles et militaires. Il nous a été rapporté qu’il propose une formation destinée aux jeunes contre une contribution de 12 000 F.

A la fin de la formation, une somme de 60 000 F est rétrocédée à chaque participant pour soutenir leurs projets d’insertion économique. La foule qu’elle mobilise et son déploiement ne pouvaient laisser indifférent. Nous, autorités administratives, avons décidé de voir clair sur ces actions. D’emblée, ce groupe n’a aucune existence légale et ses activités ne sont pas autorisées. Donc il y a un problème quelque part.

Qui sont-ils ?

Ce sont des Camerounais qui prétendent être en contact avec des bailleurs de fonds qui leur envoient de fortes sommes d’argent pour aider les jeunes. Mais rien de tout ceci n’est clair. Ni la pertinence des missions du groupe, ni son existence légale, ni les réseaux auxquels il appartient. Il est de bon ton que les autorités administratives se penchent de plus près sur le dossier.

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Nous avons convoqué une réunion mercredi dernier avec le sous-préfet, les forces de maintien de l’ordre et d’autres collaborateurs. Les représentants de la Mida étaient convoqués et ces derniers n’ont pas cru devoir déférer à notre convocation. Nous avons appris qu’ils planifiaient de se déployer à la commune de Yaoundé IV. J’ai instruit que ses leaders soient interpellés. J’ai également décidé de suspendre leurs activités dans mon unité administrative. C’est une mesure conservatoire, en attendant de comprendre à travers les résultats de l’enquête qui est ouverte. D’ici à la fin de cette semaine, nous pourrions avoir les premiers éléments d’information fiables sur le sujet.

Avez-vous exploré la piste de ceux qui suivent la formation ?

Voilà donc une formation qui se mêle de tout et va dans tous les sens. Ils forment la jeunesse sur l’importance de la solidarité, de la fraternité et de l’unité nationale. De même cette formation évoque la laïcité, la souveraineté, l’indépendance, l’unicité et l’indivisibilité du territoire camerounais. Les membres disent lutter contre la délinquance juvénile, le grand banditisme et la pauvreté à travers le financement que le groupe octroie. Voilà les secteurs de leur formation. Le groupe Mida a même un journal avec des insignes militaires.

Leur logo présente aussi des insignes religieux et bien d’autres choses qui font bizarre. Nous craignons toutes sortes de manipulations : la corruption de la jeunesse, l’escroquerie par appel au public, une usurpation de fonction. A aucun moment, le préfet du Mfoundi n’a été sollicité pour apporter son encadrement dans les activités du groupe Mida, ni à aucun niveau de la hiérarchie gouvernementale. Il est installé au quartier Ahala et y draine des foules compactes. Avec la pauvreté, les gens se laissent spolier. On craint que les promoteurs de la Mida aient un agenda caché.

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Ne doit-on pas regretter une certaine légèreté des autorités. La Mida se déploie dans la ville depuis des mois et leur mode opératoire rappelle quelque peu les affaires Famm Cameroun, Leadership Academy…

Ils n’ont pas déféré à ma convocation et je les ai fait arrêter. Ils sont actuellement sous bonne garde et sont entendus. Nous avons voulu d’abord prendre un acte suspensif de leurs activités. Après les auditions, nous apprécierons. Si l’hypothèse de la vaste escroquerie se confirme, nous aviserons. Attendons de voir. Ne mettons pas la charrue avant les bœufs.