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Politique of Jeudi, 11 Novembre 2021

Source: Le Messager

Prison centrale de Kondengui : les otages politiques du MRC exigent leur libération

A la  prison centrale de Kondengui A la prison centrale de Kondengui

Dans une requête aux allures de pétition adressée à la présidente du Tribunal militaire de Yaoundé, les prisonniers arrêtés dans le cadre des marches pacifiques du 22 septembre 2020, exigent de recouvrer la liberté pour cause d’expiration du mandat de détention provisoire et inexistence d’une autre cause susceptible de justifier leur maintien en détention.

Des cris de détresse du cachot du désespoir ! C’est dans un volumineux document dense de neuf pages et signé le 5 novembre 2021, que les « otages politiques relevant du Tribunal militaire de Yaoundé ont décidé de crier leur ras-le-bol. Si en objet, il est mentionné «requête » sans doute pour les civilités d’usage, le contenu de cette correspondance adressée à la présidente de cette juridiction compétente pour connaître de tout crime défini dans le code de justice militaire commis par un militaire ou assimilé, est un véritable brûlot.

Un pamphlet dans lequel ces hommes et femmes privés de libertés depuis plus d’u,. an, déversent leur bile contre un système judiciaire redoutable mais noirci d’injustice. D’entrée, les signataires précisent qu’ils sont « arbitrairement et illégalement détenus depuis plus d’un an » dans ce tristement célèbre pénitencier. Le crime de ces 124 camerounais, soulignent-ils, c’est d’avoir répondu à l’appel du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc) et des alliées appelant à des marches pacifiques pour le 22 septembre 2020 pour exiger le départ de Paul Biya du pouvoir si certaines exigences n’étaient pas satisfaites.

Arrestations sur critères tribaux
Suite à cet appel, des milliers de camerounais et camerounaises sont descendus dans les rues à travers le pays pour exprimer, de manière pacifique, les revendications sociales et politiques suivantes : la fin de la guerre civile dans les régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest, la reforme consensuelle du système électoral et l’organisation d’un dialogue national inclusif.

Ils exprimaient aussi leur ras-le-bol de la corruption institutionnalisée du régime et de l’impunité des atteintes récurrentes à la fortune publique, notamment dans le cadre de l’organisation avortée au Cameroun de l’édition 2019 de la Coupe d’Afrique des nations de football. Seulement, « les ratonnades et les rafles menées dans le cadre desdites marches étaient non seulement politiques mais elles étaient aussi tribales (…)

En effet, nous avons été témoins comme beaucoup d’autres, d’arrestations sur critères tribaux menées par des forces de sécurité placées sous les ordres de responsables qui, comme par hasard, étaient tous de la même aire sociologique que messieurs Paul Biya au pouvoir comme président de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh, Secrétaire général de la présidence de la République et heureux bénéficiaire de la délégation de signature sans limitation d’objet, ni de délais de président de la République », peut-on lire sur le document dont te Messager a obtenu copie.

Petites mains criminelles de dictature
Les signataires greffent à ces deux personnalités, le hit-parade de leurs bourreaux aux rangs desquels : Joseph Beti Assomo, le ministre de la Défense, Martin Mbarga Nguelé de la Délégation générale de la sûreté nationale, Landry Galax Etoga du Secrétariat à la Défense chargé de la Gendarmerie nationale, Maxim Léopold Eko Eko de la Délégation générale à la recherche extérieure mais aussi le Commissaire du gouvernement, le Directeur de la Crtv pour ne citer que ceux-là.

Là où le bât blesse, révèlent-ils, c’est qu’ « après plus de cinquante jours de garde à vue dans une procédure pénale de flagrance qui en chemin avait fait une bifurcation dans le champ de la police administrative avec la production d’un arrêté de détention administrative apocryphe signé en octobre du feu préfet du Mfoundi, Jean Claude Tsila, décédé depuis le 13 août ». Une telle bifurcation, s’indignent-ils, est simplement impossible en droit. Ils vont même enfoncer le clou en délivrant la liste des commissaires de police et autres hommes de droit taxés de « monstres froids » pour n’avoir jamais rien fait pour respecter la Loi.

En témoigne toutes les procédures d’Habeas corpus qui ont essuyé des rejets injustes et de manière systématique. Pire, « plusieurs parmi nous ont été entendus en violation de l’article 116 (2) et l’article 122 (2) « disposant que le suspect ne doit être aucunement soumis à la contrainte physique ou mentale, à la torture, à la violence ou à toute autre moyen de pression. Que dire des requêtes déposées sans jamais être examinées ? Ou encore des mandats de détention provisoire jamais renouvelés à expiration respectives ?

Or, regrettent les « otages politiques », « en attendant que tes petites mains criminelles de dictature qui écrasent le peuple depuis bientôt quarante ans ne fabriquent -de nouvelles pièces apocryphes pour tenter de prouver que nous sommes désormais détenus pour autre cause, nous n’avons aucune autre affaire connue, qui pourrait justifier notre maintien en détention après le 03 octobre 2021 ».

Enlèvements, séquestrations, tortures, traitements inhumains
Convaincus donc que les effets voulus de leurs enlèvements, séquestrations, tortures, traitements inhumains, cruels et dégradants sont décidés dans le cadre d’une répression politique gênante visant par la terreur de l’État, à priver le peuple de son droit d’exiger des comptes aux gouvernants à travers sa liberté d’expression, les auteurs de la pétition invitent la présidente du Tribunal militaire à « bien vouloir tirer toutes les conséquences de droit de ces expirations de mandats provisoires ».

Restant dans l’espoir qu’enfin, le magistrat qu’elle est, peut se rappeler d’ « avoir prêté serment de rendre justice au nom du peuple camerounais et non à celui d’un homme , d’un parti, d’un régime, d’une tribune ou d’une communauté », ils vont faire des ampliations de correspondance à la présidence de la République tout comme à une bonne brochette d’institutions publiques, parapubliques, à des organisations de défense de droits de l’homme et même à des représentations diplomatiques et consulaires établies au Cameroun. Un nouveau cri dans la forêt ? Just wait !