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Opinions of Jeudi, 28 Octobre 2021

Auteur: Ecclésiaste Deudjui

Choc une petite fille d’à peine seize ans aux bras d'un vieux dans une auberge

Un fait de société a attiré l'attention d'un bloggeur camerounais, la prostitution des mineurs dans le pays. L'image d'une petite fille au bras d'un homme très âgé que lui interpelle la conscience qui pose la question de l'avenir de la jeunesse qui est peinarde avec le sexe, l'infidélité et la luxure.

Les multiplications des auberges partout au Cameroun, indiquent clairement, dit Ecclésiaste Deudjui, le niveau inquiétant de la dépravation des moeurs dans le pays. A l'en croire, les Camerounais préfèrent construire des auberges que d'ouvrir des boutiques et employer ses compatriotes.



J’ai été stupéfait l’autre jour de voir une petite fille d’à peine seize ans, une élève de surcroît, entrer dans une auberge en compagnie d’un monsieur qui lui tenait la main et qui lui faisait quelques délicatesses. Ce qui m’a surtout interloqué, c’était l’assurance de la jeune fille. Elle mâchouillait tranquillement son chewing-gum en toute insouciance, et elle attendait dans le couloir pendant que son compagnon récupérait les clés au comptoir. La suite, vous la connaissez très certainement...

Les auberges occupent déjà une place de choix sur toute l’étendue de notre territoire, et pas seulement pour les besoins de l’hébergement. Au fait, ils ne dépendent même pas de notre ministère du tourisme. Car alors que dans les autres pays on distingue les hôtels, les motels, les maisons d’hôtes et les auberges, ici au Cameroun on peut plutôt classer les auberges dans une catégorie complètement à part ! On peut plutôt les ranger dans le compartiment des bordels, des maquis, des chambres de passe, etc, puisque c’est bien de cela qu’il s’agit : les Camerounais ne se rendent pas dans les chambres d’auberges pour discuter de la nouvelle loi des finances !

En réalité, ces coins qui pullulent partout dans nos cités sont la conséquence de deux comportements sociaux qui sont inébranlables : l’infidélité et la luxure. On pourrait aussi ajouter la pauvreté parce qu’il y a des hommes qui emmènent les femmes dans les auberges puisqu’ils habitent encore dans la maison familiale, mais passons.

Le premier argument, c’est donc l’infidélité. Puisque les mâles camerounais sont presque tous mariés —enfin, en concubinage— et qu’ils ont déposé la mère de leurs enfants à la maison, ils n’ont plus de « tatami » disponible. L’auberge devient donc comme une solution alternative, un pied-à-terre alternatif qui leur sert régulièrement de roue de secours. Les vrais hommes mariés doivent maîtriser la situation géographique de toutes les auberges qu’il y a dans leur ville, afin de pouvoir régir au quart de tour s’ils attrapent une araignée. Et puis c’est la même chose avec les femmes camerounaises, puisqu’il ne faut surtout pas tromper son mari dans le lit conjugal. Alors on joue à la chatte et à la souris avec un séducteur-fornicateur, et s’il est lui aussi marié c’est encore mieux car ils deviendront comme un duo de voleurs qui se retrouvent...

La luxure ! Inutile de dire à quel point la société camerounaise est hyper-sexualisée, et que l’abstinence apparaît encore ici comme une extraordinaire exception. Ceci dit, le sexe est tellement banalisé et vulgarisé au Cameroun, qu’il se retrouve dorénavant partout : dans les maisons, dans les bars, dans les lieux publics et donc... dans les auberges. Les mâles qui se respectent invitent toujours leurs conquêtes près des auberges, afin de pouvoir leur soûler la gueule et de les y emmener plus facilement. Les femmes aussi préfèrent les auberges pour ne pas rentrer très tard dans leurs quartiers qui sont souvent mal famés et très dangereux. Un bon compromis, donc. Surtout qu’après une nuit de sommeil à l’auberge avec un bon Camerounais, tu peux souvent te réveiller avec une bonne petite quantité de billets de banque [...]

Je parle de nuit de sommeil mais en réalité mes compatriotes sont un peu plus expéditifs que ça. Dans les faits, ils louent généralement la chambre pour une heure de « sieste » seulement, voire deux si affinités. Et puis ils y vont lorsque les négociations ont déjà été bien ficelées à l’extérieur (inutile de discuter à l’auberge alors que la montre tourne). Les conditions de salubrité de ces auberges-là varient d’un coin à l’autre, mais globalement le lit est toujours dressé même s’il va être froissé après. Les draps sont-ils propres ? Là c’est un autre débat.

Le secteur étant porteur, les bars et les snack-bars sont entrés dans la danse. Dans presque tous les bistrots aujourd’hui, il est dorénavant possible de réserver une nuitée après une soirée bien alcoolisée. Il y a des alcôves qui ont été aménagées derrière le magasin afin de faciliter les tours de passe-passe. Même dans les endroits de « sans-caleçon », il suffit de s’adresser à la serveuse pour acquérir son lopin bien aménagé, et puis de s’y rendre pour une ou deux heures avec n’importe quelle stripteaseuse...

Vous le voyez, le secteur de l’auberge au Cameroun est davantage déviant que logeant. Les ampoules rouge ou orangées sont là pour nous indiquer leur omniprésence dans nos quartiers et dans nos coins chauds, et les propriétaires se frottent les mains depuis qu’ils sont entrés dans ce marché extrêmement juteux. Même à l’arrière des laveries ou bien des boulangeries modernes, vous y trouverez des auberges. Même en face des églises ! Les prix sont tellement modiques, les conditions d’enregistrement sont simples et expéditives, et l’anonymat des usagers est complètement garanti à 2 000 % !

Voilà pourquoi une petite fille d’à peine seize ans, une élève de surcroît, a pu rentrer dans une auberge en mâchouillant tranquillement son chewing-gum, pendant que son accompagnateur réglait les factures. Pourtant c’est plutôt ce secteur d’activité que notre gouvernement gagnerait rapidement à régulariser...