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Opinions of Tuesday, 9 October 2018

Auteur: Me Yondo Black

Scrutin présidentiel: Paul Biya veut opter pour l’expérience de la force

A 85 ans, Paul Biya brigue un nouveau mandat de 7 ans A 85 ans, Paul Biya brigue un nouveau mandat de 7 ans

Mes Chers compatriotes, Le Cameroun a retrouvé le chemin de la liberté, de la légitimité et de l’égalité. Un homme, une voix. Des années durant, contre nous, l’on a longtemps utilisé la force de l’expérience.

On sait où celle-ci nous a menés. Aujourd’hui, gardons-nous d’utiliser l’expérience de la force. Le 07 octobre dernier, le peuple camerounais appelé à choisir celui de ses enfants qui devra avoir la charge de présider à ses destinées les sept prochaines années, a jeté son dévolu sur le Professeur Maurice KAMTO, coiffant à la ligne d’arrivée celui qui semblait avoir toutes les faveurs des pronostics, le Président sortant Monsieur Paul BIYA. C’est une nouvelle heureuse, une bonne nouvelle. Comme je suis fier de ce pays, le vrai Cameroun de nos Ancêtres.

La querelle sur le respect des lois et règlements de la République quant à la forme et le moment de la promulgation des résultats n’est que l’expression de ceux qui s’accommodent mal avec l’alternance au pouvoir, une exigence pourtant de la démocratie et feignent d’ignorer que l’évolution technologique du monde facilite l’accès à l’information de tous ; aussi, serait-il violer ce droit à l’information que de refuser au citoyen le droit de comptabiliser les divers résultats tirés du dépouillement ouvert au public des bulletins de vote pour se faire une idée des résultats.

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Si chacun de nous, nous pouvons nous faire en si peu de temps une idée sur les résultats du scrutin, comment comprendre qu’un Etat avec les moyens dont il dispose, ne puisse pas proclamer ces résultats dans les heures qui suivent ! Ailleurs c’est carrément à la fermeture des bureaux de vote que l’on donne une estimation de ce qui sera le résultat définitif sans que l’on puisse y voir un crime qui mettrait le pays en danger.

Simple bataille de communication donc qu’un pouvoir citoyen doit pouvoir gérer sans en faire une affaire d’Etat. Il en sortira grandi et le pays ne s’en portera que bien. Souvenez-vous de l’attitude de Président Abdou DIOUF qui a présenté à son successeur le Président Abdoulaye WADE ses félicitations avant même que le Conseil Constitutionnel n’ait proclamé officiellement les résultats. C’est tout simplement l’expression d’un fair-play républicain comme on aimerait voir dans tout pays de démocratie. « J’ai reçu du peuple un mandat clair que j’entends défendre jusqu’au bout » n’est pour le Professeur Maurice KAMTO qu’un appel fait à son adversaire pour hâter le transfert des pouvoirs au mieux des intérêts du pays.

Comment y voir un crime de lèse-majesté sauf à s’obstiner à garder jalousement le pouvoir ! Les urnes ayant parlé, nous ne pouvons que nous en féliciter et souhaiter à notre nouveau Président bon vent, courage et perspicacité dans ses choix afin que vive le Cameroun nouveau dans la concorde et la paix. Les thuriféraires du Candidat Président sortant sont si zélés, convaincus comme ils sont que nous sommes dans un régime définitif et immortel qu’ils passent sous silence le fait que leur maître ait lui-même salué la maturité du peuple camerounais face à une campagne électorale dure, difficile, sans précédente au pays.

Gardons-nous donc d’être plus royalistes que le Roi. Nos compatriotes vivent pour la plupart au seuil de la misère, et plus ils s’appauvrissent, plus une caste de privilégiés sortis d’on ne sait où s’enrichissent sous le regard indifférent de leur maître-créateur. A leur misère, s’ajoute la crise anglophone dont l’impact sur notre volonté de vivre ensemble a des incidences profondes sur tous les secteurs, sans compter les morts aussi bien du côté des civils que de nos forces armées, des populations déplacées, des immeubles et villages incendiés; l’économie dans cette zone en a pris un coup.

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La situation sécuritaire ne se pose pas seulement dans la région de l’Extrême-Nord du fait de la nébuleuse Boko Haram, c’est tout le pays qui vit dans l’insécurité :résultante de la pauvreté endémique entretenue par une mal-gouvernance qui ne dit pas son nom. Tout cela m’a conduit en son temps à adresser une lettre ouverte au Président Biya et au peuple camerounais. Aujourd’hui, j’ai de bonnes raisons de me sentir heureux de voir le peuple, prenant son destin en main, sanctionner par un vote-massif hier impensable celui qui a abusé de sa confiance pendant des années.

Cette victoire, le peuple la doit aussi à mon excellent Confrère, le Bâtonnier AKERE MUNA qui a su se faire violence en mettant son « ego » de côté et retirer sa candidature pour apporter son concours au professeur Maurice KAMTO, permettant ainsi d’éviter un éparpillement des voix qui ne pouvait que contribuer au maintien du Président Biya au pouvoir. Qu’il en soit ici vivement remercié. (°)

Président national du Mouvement Social pour la Nouvelle Démocratie (MSND), Ancien Bâtonnier de l’ordre.