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Opinions of Lundi, 7 Mai 2018

Auteur: Cl2p.org

Sérail: voici ce que cachent les grâces présidentielles décrétées par Paul Biya

Paul Biya décrète souvent les grâces présidentielles aux prisonniers politiques Paul Biya décrète souvent les grâces présidentielles aux prisonniers politiques

Grâce présidentielle annoncée: toute la cohérence du traitement arbitraire infligé par un dictateur à ses victimes, dont il "récompenserait le silence de certaines", en piétinant les demandes de libération immédiate formulées par l'Organisation des Nations Unies (ONU) et l'Union Africaine (UA) pour d'autres.

En effet, l'illusion d'un Cameroun présenté comme une idylle de la liberté dans une démocratie bienveillante ne pouvait pas être mieux contredite de manière aussi tranchante que par cette annonce d'une grâce présidentielle qui serait un manquement de plus aux obligations internationales, puis un affichage sur les abus récurrents du régime Biya que le CL2P a patiemment documentés depuis des décennies. En effet les mouroirs concentrationnaires de Biya sont d'abord conçus comme des outils à la discrétion de son régime oppressif, pour discipliner et briser les corps et les âmes.


À titre d'illustration les 78 prisons du Cameroun sont construites pour une capacité maximale de 16 000 détenus. Ils accueillent maintenant 30 000 personnes, dont la majorité attend toujours leur procès. Certaines prisons, comme la prison centrale de Kondengui à Yaoundé, ont été construites pour contenir seulement 500 détenus. Aujourd'hui, elle en compte plus de 2 000. La prison de New Bell, d'autre part, incarne également l'enfer sur terre. Cette prison la plus peuplée du pays située dans son centre économique de Douala, est remplie de plus de quatre fois plus de prisonniers que sa capacité d'origine ne permet.

Le CL2P condamne sévèrement un système pénitentiaire où les abus de pouvoir sont fréquents.

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Les détenus sont soumis à des conditions invivables et à d'autres formes de privations extrêmes: manque d'espace, surpeuplement et absence d'intimité, manque de sommeil, mauvaise hygiène et mauvaise alimentation, eau et nourriture contaminées, le manque de soins de santé adéquats et d'installations sanitaires dans les normes, ainsi que des infrastructures correctionnelles adéquates pour «rééduquer» les prisonniers. En plus, les prisonniers sont constamment exploités et brutalisés par une corps de gardiens de prison qui gagnent leur vie sur le dos notamment des prisonniers politiques, usant de la corruption et des pratiques de rançon pour leur soutirer leurs maigres économies, en échange de petites faveurs telles que de la nourriture, les draps propres, des moments d'intimité, etc...

Le «besoin de se sentir comme un être humain» dans la prison de Biya a été formulé avec une force existentielle sincère à maintes reprises par des prisonniers politiques tels que Jean-Marie Atangana Mebara et Marafa Hamidou Yaya qui ont particulièrement réfléchi sur le besoin urgent de meilleures conditions dans ces cachots de la république. Cela fait de ces anciens hauts fonctionnaires des exemples de résilience face parfois à un peuple camerounais indifférent à ces problématiques, quand bien même d'autres en murent sous ce silence assourdissant.

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Pourtant, nous devons reconnaître que la vie est courte et brutale au Cameroun de Biya et que cette triste réalité carcérale est la principale fabrique des monstruosités triomphantes. Aussi, la grâce présidentielle annoncée et promise de manière arbitraire à quelques pensionnaires voulus dociles au régime en place ne fera rien pour résoudre ce problème de fond qu'est l'extrême défaillance institutionnelle. La vraie grâce que le peuple camerounais est en droit d'obtenir du président Biya est l'annonce inespérée de sa retraite définitive.

Autrement dit, rien de bien surprenant. Le combat continue!