Vous-êtes ici: AccueilActualités2021 11 26Article 630223

Politique of Vendredi, 26 Novembre 2021

Source: Le Messager

Révision du Code électoral : le pouvoir dans sa logique de raidissement

Ce mercredi 24 novembre 2021, le pouvoir a fait feu de tout bois pour empêcher la restitution des travaux de cette révision. Une interdiction incompréhensible.

« Ingérence dans les compétences législatives » et « tenue de la réunion en pleine session parlementaire », sont les deux arguments avancés par le sous-préfet de Yaoundé 3ème pour justifier l’interdiction de la réunion de la Plateforme de l’opposition.

L’objectif était de communiquer à l’opinion publique nationale et internationale les propositions consensuelles de l’opposition à intégrer dans la révision du Code électoral camerounais qui soulève toujours des chaudes empoignades au sortir des élections.

Si le régime des manifestations selon les termes des lois de 1990 est basé sur la Déclaration, les autorités administratives continuent de peser de tout leur poids pour empêcher aux Camerounais de jouir de cette liberté. C’est connu, la raison passe-partout le plus souvent usité est le « trouble à l’ordre public ».

Cette fois, le représentant de Paul Biya dans le 3ème Arrondissement à Yaoundé, a innové.

Les leaders des partis politiques, en se réunissant au Hilton hôtel ce 24 novembre seraient en train de faire le travail des parlementaires. Curieuse, cette affirmation.

Au niveau de la Plateforme des partis de l’opposition, la Porte-parole, Patricia Tomaïno Ndam Njoya, indique clairement qu’il s’agit des propositions de l’opposition dans la nécessaire et indispensable révision du Code électoral.

Elle a d’ailleurs dans ce sens indiqué qu’un exemplaire du document « Présentation de la proposition de modification consensuelle du Code électoral camerounais », a été déposé à la présidence de la République contre décharge.

Si donc, la présidence reçoit cette proposition, comment l’autorité administrative peut-elle parler d’ingérence dans les compétences législatives ? Il ne suffit pas de produire une proposition de révision de la loi pour faire œuvre de député ou de sénateur.

Sur le coup, la motivation du sous-préfet conserve tout le charme de son énigme. La deuxième motivation avancée pour fonder l’interdiction de l’opposition de se réunir est que les partis politiques tiennent leur réunion au moment où se tient la session parlementaire.

Quel rapport il y a-t-il entre la réunion des partis politiques et une session parlementaire ? Où est le lien ? Bien sûr, l’objet porte sur la révision de la loi qui est du domaine du pouvoir législatif. On peut raison gardée, pousser un peu plus loin la réflexion du sous-préfet.

Qui initie ou propose les lois au Cameroun ? Le parlement camerounais n’a pas encore initié une seule loi, c’est toujours le gouvernement, autant dire l’exécutif qui propose des lois à voter. Qu’est- ce qui peut donc justifier une telle sortie ?

L’autorité administrative inféodée au politique

On peut penser que l’autorité administrative a voulu rester incestueusement dans les rapports avec le politique en cherchant à se conformer aux déclarations antérieures d’un responsable de la communication du parti au pouvoir qui était sur ses gardes au lancement de ces travaux pour une révision consensuelle du Code électorale.

On se souvient qu’à l’époque, Jacques Fame Ndongo, le Secrétaire à la communication du Comité central du Rdpc avait commis une tribune au vitriol en cinq points. Le cinquième plus précisément, était assez évocateur pour comprendre la posture d’interdiction de l’autorité administrative.

Il s’est agi, croit-on savoir, de l’interdire avant de trouver les motivations y afférentes. « Il ne s’agit donc point, simplement, de collecter des suggestions et de les « exploiter ».

Encore faut-il braver victorieusement les fourches caudines démocratiques et incontournables du Parlement. « Les contributions » émanant des « Partis politiques, organisations ou personnalités de la société civile » et « exploitées par un secrétariat technique » ad hoc ne peuvent pas, au regard des lois et règlements de la République, être adoptées par la rue, ou par un conclave lové dans l’évanescence nébuleuse de certaines imaginations fécondes, mais par le Parlement. Tout le reste ne serait que logorrhée et fantasmagorie », proclamait le membre politique du bureau politique du Rdpc.

Les sept leaders partis politiques de l’opposition à l’initiative sont entre autres, Patricia Tomaïno Ndam Njoya de l’Union démocratique du Cameroun (Udc), Maurice Kamto du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc), Joshua Osih du Social democratic front (Sdf), Cabral Libii du Parti camerounais pour la réconciliation nationale (Pcrn) ou encore Pierre Kwemo de l’Union des mouvements socialistes (Ums), s’étaient réunis à Yaoundé le jeudi 1er avril 2021, autour d’une table pour discuter de l’éventualité d’un Code électoral consensuel qui prendrait en compte les contributions des autres partis politiques, des organisations de la société civile.