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Opinions of Jeudi, 4 Octobre 2018

Auteur: FRANCK NYAMSI BINGNA

Quand Paul Biya réduit les Camerounais au pain et à la sardine

Au lieu de servir le peuple, on se sert du peuple Au lieu de servir le peuple, on se sert du peuple

Lundi dernier, aux environs de 10h, nous sommes assis avec des amis dans un tourne dos (Restaurant de rue) au quartier administratif de Yaoundé, à la devanture d’un grand bâtiment administratif.

Nonchalamment, une personne se dirige vers nous. Elle était habillée d’un vêtement blanc, de la tête au pied et tenait en main un cartable sur lequel on pouvait lire "La force de l'expérience", slogan de campagne de Paul Biya pour la présidentielle du 7 octobre prochain.

On l’eût prise pour un activiste pro Biya comme le diraient certains sages. En s’approchant de notre groupe, cette personne s’adressa à nous en ces termes : "Bonjour" Je suis de la ville. J’habite au quartier Mendong, j’ai perdu mon porte feuille, hier, pendant que je retournais chez moi. Je cherche un endroit où est organisé un meeting du RDPC pour m'y rendre et je n'ai pas de moyen de transport. Actuellement, je n’ai rien à manger. C’est lamentable’’, marmonna-t-il, sur un ton qui fait appel à la compassion et à la solidarité. Une fois que chacun des membres du groupe lui eût remis son obole, il poursuivit son chemin non sans avoir, au préalable, proféré diverses formules de remerciements et de bénédictions.

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A notre grande surprise, cette même personne a été rencontrée, le mardi suivant à Essos, débitant la même litanie, à un groupe de jeunes pour trouver de l’argent. Et que dire de cet autre qui se promène, un pain à la main, allant de quartier en quartier, de rond point en point, implorant la magnanimité des passants pour s'acheter une boîte de sardine.

Comme vous devez le constater le pain et la sardine sont devenus les repas quotidien de tous ceux qui sont courtisés au Cameroun par le pouvoir en place afin d'espérer d'eux les suffrages en sa faveur pour le compte de la prochaine élection présidentielle

On n’apprend plus aux générations, les fondements de la connaissance qui sont le raisonnement, la compréhension, l’esprit critique. On prépare le peuple comme le colon l’a si bien préétablit à la mendicité, à la soumission, à la médiocrité

Au Cameroun, ceux qui veulent s'accrocher au pouvoir ne préparent pas le peuple aux idées de droits de devoir, d’égalités devant la loi. On ne les forme pas aux idéaux de patriotisme mais à ceux de népotisme de corruption et de mafias de tout genre.

Passé le temps où le civisme était une matière respectable. Le fameux et très célèbre livre « J’aime mon Pays le Cameroun » est passé aux oubliettes et remplacé dans l'imagerie populaire par "j'aime la sardine et le pain du RDPC".

Nous sommes dans un pays certes pauvre et qui a une culture spécifique où, tant que vous ne donnez pas, vous n’êtes pas bien vu. Cela veut dire que celui qui donne dans notre société est bien vu’’. Et mieux, on catégorise les gens en termes de gentillesse ou de non gentillesse. Et quand on dit que celui-là est bien, il est clair que les gens vont aboutir à la conclusion qu’il donne de l’argent.

Depuis le début du lancement de la campagne pour le compte de l'élection présidentielle du 7 octobre prochain au Cameroun, s'il existe un secteur dont les tenanciers se frottent les mains, il s'agit bel et bien de celui des boulangers. Ils ont tous doublé leurs productions. Tous les sbires du parti au pouvoir s'approvisionnent en masse et créent la pénurie dans les boutiques. Ces pains qui s'achètent en grande quantité sont distribués à tous ceux qui assistent aux meetings du RDPC. Voilà ce à quoi on a réduit une bonne partie du peuple. Aller applaudir, recevoir sa boîte de sardine et son pain

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Aux partisans du pain-sardine, sachez que nos dirigeants ne pensent pas au devenir de leur pays et de leurs peuples. ils pensent à leur devenir et à celui de leur progéniture.

Au lieu de servir le peuple, on se sert du peuple.

Les Camerounais ne sont pas des mendiants qui ont besoin du pain et de la sardine pour survivre.

Avant de jeter votre bulletin dans l'urne le 7 octobre prochain, posez vous cette question: Est ce que j'aurai ce pain gratuit et de la sardine chaque jour pendant les 7 prochaines années de mandat de Paul Biya s'il est élu président de la république ?

Les Camerounais ont besoin d’un réel changement politique qui remettra le pouvoir aux peuples et mettra fin aux groupements d’intérêts qui règnent sans partage depuis plus de 36 ans.

Les populations ont besoin d’un système judiciaire fiable qui garantit les droits fondamentaux, ils ont besoin d’un système économique qui valorise et reconnaît la dignité humaine. Ils ont besoin d’un système de santé pour tous, enfants, personnes âgées et travailleurs. Les populations ont besoins d’un système qui permet la répartition ou mieux la redistribution juste et équitable des richesses, d’un système, qui offre des opportunités à tous et non à une catégorie.

En lieu et place de ceux qui distribuent le pain sardine à la veille des échéances électorales au Cameroun, les populations ont tout simplement besoin de leaders capables de les inspirer et non des démagogues à la solde de leurs propres intérêts.

Le combat contre la corruption politique au Cameroun implique une reconversion des mentalités du sommet à la base. Ainsi elle cessera d’être vue comme une peccadille ou une émanation culturelle. Que ceux qui entretiennent cette corruption sachent que le peuple Camerounais n’est plus dupe. Prenez et mangez et surtout, votez pour le candidat de votre choix.