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Opinions of Lundi, 16 Octobre 2017

Auteur: camer.be

Présidentielle 2018: Akere Muna peut-il réussir ?

Pour espérer défier Paul Biya en 2018, il faudra à l’avocat 300 signatures, soit 30 par région Pour espérer défier Paul Biya en 2018, il faudra à l’avocat 300 signatures, soit 30 par région

Il attendait le bon moment pour se lancer dans l’arène politique camerounaise, le bon moment pour afficher ses ambitions au grand jour. Akere Muna a choisi le 8 octobre pour annoncer sa candidature à la présidentielle de 2018. Cet avocat issu de l’aristocratie anglophone a donc maintenant une année pour convaincre les électeurs camerounais à adhérer à son projet qui promet « une nouvelle République ».

Alors que certains membres du RDPC, le parti au pouvoir, à l’instar de Charlemagne Messanga Nyamding moquent cette candidature, d’autres voient à Akere Muna un challenger sérieux à Paul Biya, au pouvoir depuis 1982. « Si le RDPC n’a jamais pris au sérieux une candidature c’est le moment de le faire », fait savoir le chanteur Roméo Dika, qui a travaillé pendant de longues années aux côtés de Charles Doumba, l’ancien secrétaire général du Comité central du RDPC. Comme ce dernier, beaucoup évoquent les réseaux de l’avocat anglophone.

Il a ses entrées au Département d’Etat américain depuis que sa réputation de pourfendeur de la corruption l’avait conduit au poste de vice-président de Transparency International. Au 10 Dawning Street et dans l’entourage de la reine d’Angleterre, Akere a bénéficié de la sympathie que la nomenklatura anglaise avait pour son père, Solomon Tandeng Muna, ancien Premier ministre et président de l’Assemblée nationale au Cameroun.

Sauf qu’il est difficile de croire que ce carnet d’adresses puisse lui être utile en octobre prochain. Le premier défi d’Akere Muna va être la validation de sa candidature. « S’il choisit de prendre la tête d’un mouvement politique c’est cuit pour lui », analyse un observateur de la vie politique nationale. Pour ce dernier, une candidature libre est utopique dans l’environnement camerounais. Pour espérer défier Paul Biya en 2018, il faudra à l’avocat 300 signatures, soit 30 par régions auprès des élus et des chefs traditionnels pour la plupart. A défaut de quoi, il doit être mandaté par un parti politique qui a au moins un conseiller municipal.

« Si quelqu’un ne répond à aucune de ces conditions, il ne sert à rien de débattre sur lui », indique Sosthène Médar Lipot, du MRC de Maurice Kamto. Qui explique que les partis capables de mandater un candidat, en dehors de ceux qui ont déjà trouvé le leur, sont de la majorité présidentielle. Comme quoi, pour Akere Muna, challenger Paul Biya c’est la quadrature du cercle. En plus du débat sur la validation de la candidature du fils de Solomon Tandeng Muna, celui sur son électorat se pose. L’ancien vice-président de Transparency International a-t-il une base politique ?

Beaucoup d’observateurs en doutent et vont valoir que jamais personne n’a gagné une élection présidentielle sans une base électorale diversifiée. Or de l’avis d’experts, en envoyant une lettre à l’ONU dans laquelle il dit craindre qu’un génocide soit organisé par le pouvoir de Yaoundé dans les régions anglophones, Akere Muna a épaissi le trait. Ce qui a pour conséquence de l’éloigner à présent des électeurs des autres régions du pays. C’est peut-être pour convaincre ces derniers qu’il se lance un an avant le scrutin. Dans les salons cossus de Yaoundé, ils sont quelque uns à le penser.