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Opinions of Lundi, 7 Mai 2018

Auteur: Michel Biem Tong

Opération Epervier: Paul Motaze, cité dans un scandale de corruption

il s’agit de la perception des pots-de-vins dans le cadre de la maintenance des avions Camair il s’agit de la perception des pots-de-vins dans le cadre de la maintenance des avions Camair

D’après une enquête télévisée réalisée par un collectif de journalistes camerounais, il s’agit de la perception des pots-de-vins dans le cadre du contrat de maintenance des avions de la défunte compagnie aérienne Cameroon Airlines signé entre cette dernière et la société sud-africaine Transnet fin 1994. Directeur commercial de la compagnie aérienne à l’époque, Louis Paul Motaze, actuel ministre des Finances et neveu de la défunte Première Dame, Jeanne Irène Biya, fait partie des hauts responsables camerounais accusés d’avoir été corrompus par la société sud-africaine afin de rafler ce marché.

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Intitulée « Crash Camair : Les preuves de la corruption », l’enquête télévisée d’une quarantaine de minutes fait un sacré buzz sur les réseaux sociaux. Difficile d’identifier l’auteur de ce sujet. Tout au moins sait-on qu’il s’agit d’une enquête télévisée réalisée par « les journalistes associés ». Difficile également d’avoir des renseignements sur cette entité. Mais les détails qui apparaissent dans cette enquête sont précis et surtout étayés par une abondante documentation. D’après ce sujet, des hauts responsables camerounais ont perçu des pots-de-vins de la société sud-africaine Transnet suite à un contrat signé fin 1994 avec la défunte compagnie aérienne nationale Cameroon Airlines (Camair) en vue de la maintenance des aéronefs de cette dernière. Mais la négligence de la société sud-africaine a entraîné un crash d’avion le 3 décembre 1995 non loin de l’aéroport de Douala.

Parmi les responsables cités dans ce reportage se trouve Louis Paul Motaze. Actuel ministre des Finances et neveu de la défunte Première Dame, Jeanne Irène Biya (donc de Paul Biya), ce dernier était directeur commercial de la Camair aux moments des faits. Lorsqu’à travers sa 4e lettre au chef de l’Etat en juin 2012, l’ancien ministre de l’Administration territoriale Marafa Hamidou Yaya, alors détenu à la prison centrale de Yaoundé, porte ce scandale à la connaissance du public, le nom de Louis Paul Motaze n’est pas cité. Les « journalistes associés » publient dans cette enquête un nombre important de documents attestant des montants perçus par l’actuel grand argentier en guise de pots-de-vins. On peut y voir des montants tels que celui de 3130 dollars (soit près de 1,5 millions de F CFA) transférés dans l’un des comptes bancaires de Louis Paul Motaze le 8 juin 1998 au Crédit commercial de France. Il s’agit d’un montant perçu pendant plusieurs mois et en l’espace de plusieurs années, à en croire le reportage.

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Donneurs de leçons

D’autres hauts cadres de la République sont également cités dans le sujet tels qu’Issa Tchiroma Bakary, ministre des Transports de l’époque et actuel ministre de la Communication, Joseph Belibi, magistrat à la Cour de justice de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) et président du Conseil d’administration de la Camair à l’époque. Jean Foumane Akame, président du Comité de suivi de l’exécution des contrats de maintenance des avions entre la Camair et Transnet/SAA au début des années 2000 est quant à lui cité dans l’enquête télévisée comme celui qui a perçu, à travers un compte ouvert en France, les 40 milliards gagnés par le Cameroun dans le cadre d’un procès contre Transnet dans un tribunal français. Jean Foumane Akame, proche parent de Paul Biya est conseiller juridique de ce dernier et membre du Conseil constitutionnel.

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Pendant que les ayants-droits des personnes décédées suite à ce crash d’avion ainsi que les rescapés attendent toujours d’être indemnisés, des personnes sans foi ni loi qui n’ont pour seul privilège que d’exercer une portion de pouvoir s’empiffrent en usant de l’argent du sang des innocents. Ce qui est curieux est que parmi eux se trouvent des personnes qui s’érigent en donneurs de leçons de bonne gouvernance. Il s’agit de Jean Foumane Akame dont le rôle dans l’incarcération de plusieurs anciens dignitaires du régime de Paul Biya pour « détournement de fonds publics » n’est plus à démontrer. Quant à Louis Paul Motaze, ce dernier vient de lancer une chasse aux fonctionnaires fictifs au ministère des Finances alors qu’il est le premier corrompu, empêtré dans d’autres scandales de détournement du temps où il était ministre de l’Economie et de la Planification. Et ça se dit un pays où on lutte contre la corruption et les détournements de deniers publics. Pitoyable !