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Opinions of Wednesday, 17 October 2018

Auteur: Adrien Djomo

Election 2018: trop confiant, le régime Biya risque gros cette fois

Paul Biya au pouvoir depuis plus de 35 ans veut briguer un autre mandat en octobre 2018 Paul Biya au pouvoir depuis plus de 35 ans veut briguer un autre mandat en octobre 2018

Les Camerounais du pays et de la diaspora ont montré pendant les élections présidentielles du 07 Octobre 2018 qu’ils voulaient utiliser la voix des urnes pour résoudre les différentes crises multiformes (anglophone, politico-sociale, économique et sociale, infrastructurelle, etc.) qui minent le Cameroun.

Ainsi, il y a eu une mobilisation sans pareil autour des candidats leaders de l’opposition (Maurice Kamto, Cabral Libii, Joshua Osih, et Akere Muna). L’appel du peuple pour une coalition pour venir à bout du régime en place a été entendu par les différents leaders. Toutefois on a noté sur le terrain la difficulté de ceux-ci de s’entendre sur le candidat unique qui devrait être le porte étendard et leader de la coalition. Le parti au pouvoir se sentant menacé par la large coalition s’est constitué en trouble fait en s’infiltrant dans le jeu et en mettant son arsenal de nuisance pour diviser, empêcher la coalition et contrôler la situation.

Malgré ce contexte, et poussé par le peuple on a vu une coalition de dernière minute entre deux poids lourds de l’opposition à savoir Pr. Maurice Kamto et Me Akere Muna. Cette coalition a entrainé le retrait de Me Akere Muna de la course qui par la même occasion a invité ses militants à voter pour le candidat Maurice Kamto et appelé ELECAM de retirer ses bulletins de vote. Cet appel à ELECAM qui est arrivé tardivement n’a pas été entendu ce qui a été diversement interprété dans l’opinion public. Ainsi, le bulletin de Me Akere Muna est resté dans les bureaux de vote malgré son retrait de la course aux élections.

En plus de la campagne exemplaire qui a permis au candidat Maurice Kamto de faire le tour du triangle national en attirant à chaque fois des milliers de Camerounais avides du changement, son programme politique pour le changement très innovant pour la relance et la construction du Cameroun, son Curriculum Vitae qui montre une très grande longueur d’onde sur tous les autres candidats avec une expérience Nationale et Internationale des plus impressionnante, la coalition a contribué à faire en sorte qu’il se distingue largement des autres candidats.

Ceci a facilité un engouement majeur autour de lui qui s’est traduit par un soutien et un vote massif de sa candidature. Ainsi, malgré les cas de fraude massifs orchestré par le RDPC (parti au pouvoir) qui ont été signalés dans différents centres de vote aussi bien dans les régions du Cameroun et pays où le vote s’est effectué et relayés dans les medias sociaux avec des vidéos à l’appui pour preuve, le Pr. Maurice Kamto a eu une avance sur le candidat au pouvoir. Le candidat Maurice Kamto a saisi cette opportunité pour faire une conférence de presse au cours duquel il a annoncé sa victoire à ses militants et au peuple Camerounais.

Il est à noter que dans la même période, le candidat Cabral Libii a aussi fait une conférence de presse au cours duquel il a fustigé les cas de fraude massive et exprimé sa volonté de défendre sa victoire si au terme du dépouillement il était vainqueur, il ne laisserait personne lui voler cette victoire si cela était établi. D’autres candidats de poids notamment Joshua Osih ont aussi fait des sorties médiatiques sans aucune répercussion.

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La chose la plus surprenante et qui conforte davantage dans l’opinion du peuple Camerounais la victoire du Pr. Maurice Kamto est que face à ces différentes sorties médiatiques, le parti au pouvoir ne s’est intéressé qu’à celle du candidat Maurice Kamto. Ainsi le Ministre de la Communication M. Issa Tchiroma et de l’Administration Territoriale M. Paul Atanga Njie ont fait des sorties médiatiques pour proférer plutôt des menaces au candidat Maurice Kamto en disant qu’il faisait un appel à la sédition en annonçant sa victoire, et qu’il aura face à lui la résistance des institutions étatiques.

Cette situation de diabolisation de Pr. Maurice Kamto s’en est suivi de plusieurs autres des caciques du parti au pouvoir voulant conserver vaille que vaille la mangeoire qui est en train de les filer, ce qui a entrainé des propos haineux comme on a n’en avait jamais vu. Il est à souligner que tout ceci fait parti du plan machiavélique du parti au pouvoir de diviser pour mieux régner en suscitant la haine tribale entre les Camerounais afin qu’ils ne se soudent pas pour défendre la victoire de Pr. Maurice Kamto. Le but ultime de cette machination est de permettre à ELECAM de falsifier les résultats et ainsi donner l’opportunité au Conseil Constitutionnel qui est l’organe chargé de proclamer officiellement les résultats, de proclamer honteusement une fois de plus M. Paul Biya vainqueur de ce scrutin.

De nombreuses personnes proches du parti au pouvoir le RDPC ont critiqué la sortie du Pr. Maurice Kamto arguant qu’il n’a pas respecté les dispositions du code électoral. Cette situation nous a amené à revisiter la loi n° 2012/001 du 19 Avril 2012 portant code électoral, modifiée et complétée par la loi n° 2012/017 du 21 Décembre 2012. Nous avons ressorti ci-dessous les dispositions des articles 113 à 115 sur les dispositions des résultats du scrutin.

ARTICLE 113.- Immédiatement après le dépouillement, le résultat acquis dans chaque bureau de vote est rendu public.
ARTICLE 114.- Les contestations qui peuvent être présentées par les électeurs à l’occasion du dépouillement font l’objet d’une décision de la commission locale de vote. Il en est fait mention au procès verbal.

ARTICLE 115.- (1) Les résultats du scrutin sont immédiatement consignés au procès-verbal. Celui-ci, rédigé en autant d’exemplaires qu’il y a de membres plus deux (02), est clos et signé de ceux-ci.
(2) Un exemplaire du procès-verbal est remis à chaque membre présent de la commission locale de vote l’ayant signé.
(3) L’original est transmis par le président de la commission locale de vote au responsable du démembrement communal d’Elections Cameroon pour archivage. Cet original fait foi.
(4) Un exemplaire est transmis, dans les quarante-huit (48) heures suivant la clôture des opérations de vote, au président de la commission départementale de supervision ou au président de la commission communale de supervision le cas échéant.


De ces dispositions il apparait clairement comme dans tous les pays démocratiques que chaque candidat doit avoir le même résultat autant qu’ELECAM et peut ainsi faire la compilation et savoir qu’il est vainqueur ou pas. Le MRC du candidat Maurice Kamto a expliqué que la coalition avec Me Akere Muna a fait qu’ils puissent disposer dans la plupart des bureaux de vote des scrutateurs qui les informaient immédiatement sur la base des procès verbaux, avec l’aide des réseaux sociaux des résultats du scrutin de chaque bureau de vote. Ceci a permis avec l’aide d’un logiciel de scrutin électoral de faire la compilation et de connaitre les résultats du scrutin, ce qui a permis au Pr. Maurice Kamto de proclamer sa victoire au lendemain des élections. Cette situation a bien entendu surpris le parti au pouvoir qui n’avait jamais par le passé été confronté à un tel scenario. Afin de contrer la victoire du Pr. Maurice Kamto, les caciques du RDPC et ceux en faveur du candidat Biya considèrent qu’il s’est autoproclamé et qu’il faille attendre le Conseil Constitutionnel (voir article 132) qui doit proclamer les résultats dans un délai de quinze jours à compter de la date de clôture du scrutin tel que stipulé dans l’article 137 du code électoral ci-dessous.

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ARTICLE 132.- (1) Le Conseil Constitutionnel veille à la régularité de l’élection présidentielle.
(2) Il statue sur toute requête en annulation totale ou partielle des opérations électorales introduite par tout candidat, tout parti politique ayant pris part à l’élection, ou par toute personne ayant qualité d’agent du Gouvernement pour cette élection.
ARTICLE 137.- Le Conseil Constitutionnel arrête et proclame les résultats de l’élection présidentielle dans un délai maximum de quinze (15) jours à compter de la date de clôture du scrutin
Il apparait de la relecture de ce texte régissant les élections au Cameroun que, au Cameroun qui actuellement a une bonne couverture téléphonique, internet et des medias sociaux quasiment sur l’ensemble du pays, les résultats devraient être connus du public dès le lendemain des élections comme dans tous les pays démocratiques et relayés au fur et à mesure par les medias traditionnels ou les medias sociaux de même que le résultat général à la fin des élections en faisant une compilation dans les 10 régions du pays. Ce résultat qui est provisoire devrait être validé tel qu’il apparait dans les articles 132 et 137 par le Conseil Constitutionnel qui statue sur les irrégularités et prononce/confirme les résultats pour lui donner son caractère officiel.

Il est plutôt surprenant qu’ELECAM n’ait pas associé pour la transparence du processus électoral la presse et la télé pour informer directement le peuple au fur et à mesure des résultats dès que les procès verbaux sont disponibles. Ce manquement/vide a permis que les Camerounais soient informés des résultats plutôt à partir des medias sociaux ce qui ne renforce pas la crédibilité du processus électoral. En ce moment crucial pour la vie socio-économique, les Camerounais de tous les bords doivent éviter de tomber dans le piège du tribalisme créé par les politicards et faire triompher la voix du peuple pour la reconstruction du Pays tels que nous allons démontrer l’importance dans les lignes ci-dessous.

Eviter de tomber dans le piège de tribalisme créé par les politicards



Cette élection présidentielle a montré une volonté des Camerounais de vivre et de reconstruire ensemble ce cher et beau pays. Ceci a été démontré dans les différents partis de l’opposition. Au MRC, les membres du bureau politique viennent des différentes régions du Cameroun avec un directeur de campagne qui n’est pas de la même région ethnique avec son leader. L’alliance entre le MRC et le mouvement AGIR conduit pas M. Christian Penda Ekoka ne s’est pas fait sur une base ethnico-tribale mais plutôt sur des critères basés sur l’objectivité, le volume et la fréquence des meetings, l’occupation du terrain, le programme, et surtout la volonté et la détermination du candidat Pr. Maurice Kamto. Le parti UNIVERS qui a pour président Pr. Nkou Mvondo a investi M. Cabral Libii qui n’est pas de la même tribu que lui mais plutôt parce qu’il était porteur du mouvement 11 millions de citoyens très fortement soutenu par la jeunesse Camerounaise. Au SDF M. Joshua Osih que le leader charismatique chairman John Fru Ndi appelle affectueusement « mon fils » est un métis qui n’a aucune relation tribale avec ce dernier mais qui a été porté à la tête de ce parti parce qu’il incarnait le mieux les idéaux actuels de changement désiré par ce parti. Me Akere Muna candidat du FDP a été investi par le mouvement NOW porté par les Camerounais de tous bords qui veulent un changement immédiat. De même, l’alliance Kamto – Muna était une réponse à l’appel des Camerounais soucieux de voir une coalition de l’opposition pour venir à bout du régime dictatorial au pouvoir.

Pendant la période de campagne électorale les Camerounais ont fait la démonstration de l’acceptation de l’inclusion, de leur diversité ethnique et de vouloir s’appuyer sur ce socle pour reconstruire leur pays. Ils sont allés massivement vers les différents candidats pour écouter leurs discours et savoir ce qu’ils pouvaient apporter pour changer leur pays. Il n’y a pas eu d’affrontement entre les militants des partis que ce soit de l’opposition ni même avec le parti au pouvoir.

D’où vient-il qu’après de tels acquis que l’on en vienne à parler subitement du tribalisme électoral, du problème Bamiléké, Bassa, Béti, etc. lorsqu’un candidat clame la victoire du scrutin ? Ceci est une machination pure et simple parce que le parti au pouvoir vu le fait que la vérité des urnes est en sa défaveur veut orienter l’énergie des Camerounais sur ce terrain pour laisser les fins limiers de la fraude organiser leur basse besogne pour réussir un autre push électoral comme on en a vu en 1992.

Faire triompher la voix du peuple pour la reconstruction du Pays

Il y a une nuance entre rendre public les résultats et proclamer les résultats. Le fait qu’ELECAM n’ait pas rendu public les résultats même dans les circonscriptions non contestées qui au moment de la rédaction de cet article est neuf jours après les élections montre bien que les résultats ne sont pas en faveur du parti au pouvoir. Il est donc impératif que les Camerounais restent éveillés pour suivre ce qui va se passer au niveau du Conseil Constitutionnel pour éviter que leur victoire ne soit volée. En ce moment crucial nous devons nous appuyer sur cette citation de Mahatma Gandhi « puisque j'ai rejeté l'épée, il n'est plus rien d'autre que la coupe de l'amour que je puisse offrir à ceux qui se dressent contre moi ».

Nous devons nous souvenir qu’aucune élection ne mérite des pertes en vie humaine et nous devons utiliser la voix pacifique pour venir à bout de ce régime. Le Cameroun a gagné la lutte de BAKASSI contre le géant voisin le Nigeria par la diplomatie grâce au leadership et la clairvoyance du Pr. Maurice Kamto. De la même manière, le peuple Camerounais doit s’unir autour de lui pour conquérir le pouvoir par la voix légale et la non violence. Ensemble nous allons éviter que la SAGA de 1992 ne se reproduise plus et que la reconstruction tant attendu par les Camerounais se mette en marche.