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Sports Features of Mercredi, 28 Février 2018

Source: Ghislain KOUNGANG

CAN 2019: le Cameroun toujours dans l'indélicatesse

En image le chantier du stade Japoma qui va accueillir la compétition En image le chantier du stade Japoma qui va accueillir la compétition

Alors que la mission de la confédération africaine de football (CAF) est annoncée au Cameroun pour le mois de mars prochain, l’incertitude sur l’organisation de la compétition continentale demeure entière. Pire encore, les lignes se fissurent et livrent au grand jour, toute l’étendue de la mascarade qui prend en otage la réussite de cet événement d’envergure.

Conscients de l’évidence insolente du piétinement des travaux, les hauts commis de l’état se mettent en branle, réveillés par l’engagement réitéré, et de manière péremptoire, du chef de l’Etat à la nation sur l’obligation du Cameroun à honorer et relever tous les défis relatifs à l’organisation de la coupe d’Afrique des nations 2019.

C’est dans cette veine qu’un défilé est observé sur le site de construction du stade Olembé à Yaoundé, l’une des plus prestigieuses infrastructures devant abriter le tournoi. Les délégations se multiplient, quid du ministère des sports et de l’éducation physique, quid du premier ministère, quid de la présidence de la république. Une valse qui rentre en droite ligne du modus opérandes camerounais à savoir la multiplication des missions et par conséquent le foisonnement des frais exorbitants, y afférents. On se souvient encore du blocus orchestré, en très haut lieu sur les travaux du stade de Garoua, par des gourous dont l’avidité maladive a atteint des proportions hallucinantes.

La démission du chef du projet de construction de cette infrastructure footballistique, le belge Marc Deband participe, qu’on le veuille ou non, à un certain niveau au moins, de cette logique. En réalité, les différentes décentes sur le terrain de la présidence, de la primature et du ministère des sports et de l’éducation physique viennent paradoxalement confirmer la thèse d’un blocus actif volontaire et surtout bien entretenu, qui a droit de cité dans l’exécution des chantiers de la Can. Et ce verrouillage ne saurait prospérer sans l’aval, sinon le pilotage de certains membres très influents du sérail, du moins, dans les prises de décision et le suivi-évaluation de l’exécution des travaux.

Mais dire qu’avec le retard criard déjà accusé par le Cameroun, ajouté aux menaces formulées par le président de la Caf, certains continuent à entretenir, sinon à militer pour le statu quo, c’est inviter à mesurer jusqu’à quel point le cynisme et surtout le « mapartisme », pour citer le philosophe camerounais Albert Mono Djana, a fait son lit dans les cerveaux et ce de façon durable, de nombre des hommes qui gouvernent le Cameroun. C'est-à-dire que pour les séides du pouvoir, la Can est en fait l’affaire de Paul Biya, l’un des derniers trophées de retraite du vieux, eux ils trouvent en cette opportunité, l’occasion rêvée d’alimenter leurs comptes bancaires et ceux de leurs proches.

Que l’entreprise Piccini démente formellement et solennellement la thèse des retro commissions comme l’un des éléments constitutifs médiats ou immédiats de la démission de son désormais ex-chef de projet, est louable d’une part. Mais d’autre part aussi, personne n’est dupe, tout le monde connait le fonctionnement de l’administration camerounaise. C'est-à-dire que chacune des trois délégations ayant effectué la visite du chantier des travaux d’olembe a forcement indiqué son orientation, non sans s’en arroger le contrôle ultime ou la paternité. Des indications qui à y scruter de très près, peuvent avoir contribué à jeter le flou sur la marche des travaux tels que pensée, conçue, articulée et menée par le chef de projet démissionnaire. Et ce n’est pas la sortie du ministre des sports à l’effet de rassurer l’opinion sur l’état d’avancement, jugée galvanisant des travaux qui va dissiper les malentendus. Bien au contraire, ses déclarations participent davantage à renforcer les incertitudes et à nourrir le scepticisme dont la réalité reflète sur le terrain.

Et dire que la deuxième mission de la CAF est attendue au Cameroun dans quelques jours, c’est rajouter un peu plus à la sauce déjà suffisamment épicée.