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Opinions of Samedi, 9 Décembre 2017

Auteur: camer.be

Beaucoup de Camerounais pensent à votre mort- Un écrivain à Paul Biya

Patrice NGANANG avait été arrêté pour avoir proférer des menaces de mort contre Biya sur facebook Patrice NGANANG avait été arrêté pour avoir proférer des menaces de mort contre Biya sur facebook

Patrice Nganang, un écrivain, un universitaire, un intellectuel vous a menacé sur Facebook. Il a dit que s’il avait une arme, il vous flanquerait une balle en plein front. Tels sont les mots de Nganang. Vous l’avez fait arrêter. SACHEZ QUE BEAUCOUP LE PENSENT...

Sachez que vous incarnez un système obsolète que le peuple et les intellectuels honnissent déjà, à cause des injustices et du machiavélisme anachronique que ses acteurs entretiennent au quotidien.

Les acteurs de votre régime, le Renouveau, m’inspirent le mot d’Alceste dans Le Misanthrope de Molière : « Je hais tous les hommes : Les uns parce qu’ils sont méchants, et malfaisants ; Et les autres pour être aux méchants complaisants ». Ce système nous rapproche à grands pas, à reculons, vers un stalinisme tropicalisé. Revenons à Nganang. Ses mots vous font mal où ? En ce temps précis où vous affrontez des défis de survie, avez-vous besoin de l’arrestation d’un intellectuel qui développe ses « fantasmes morbides » en ligne ? Ne devriez-vous pas plutôt tâcher de comprendre le sens prémonitoire de ces mots et leurs enjeux ?

Nganang dit qu’au Cameroun, il y a deux tribus : ceux qui possèdent et ceux qui sont dépossédés, ceux qui tuent et leurs victimes, le régime obèse et le peuple squelettique, meurtri. Vous, c’est le régime ! Nganang dit que, plus que jamais dans notre pays, nous approchons du seuil tolérable de la violence politique. Est-ce vrai ce qu’il dit ? A-t-il raison ?

Sont-ce des élucubrations sans fondement ? SAVEZ-VOUS QUE DEVANT CE QUE VOUS NOUS FAITES SUBIR, IL NOUS FAUT MOBILISER UN TRÉSOR DE FOI ET D’AMOUR PATRIOTIQUE POUR NE PAS RÊVER DE TUER, POUR RÉPRIMER L’ENVIE DE DEVENIR REBELLE ?

À présent, nous, les intellectuels, faisons partis des dépossédés. Vous nous dépossédez de tout, nos libertés, notre plaisir de faire de la recherche et d’enseigner, la fierté d’être Camerounais lorsque nous voyageons dans le monde, nos ambitions, nos rêves...

Les maux de votre régime broient nos corps et nous déshonorent. Le Camerounais serait-il en permanence sous la menace d’une mort violente ? Dans ces conditions, l’intellectuel camerounais est en compétition avec vos agents sorciers et vos ministres cyniques qui prennent possession de nous. Nous sommes possédés. Que nous reste-t-il à faire, sinon nous exorciser ?

Ecrire, pour nous, revient donc à se défaire des liens acérés et des fers avec lesquels vous nous attachez. Ce sont là ces fameuses balles qui devraient frapper de plein fouet votre visage si Nganang s’était miraculeusement retrouvé devant vous. Nganang reflue à votre face cet insoutenable sentiment d’effacement, les projets politiques carnassiers qui minent nos vies.

Honorez donc cet impertinent qui a le génie de peindre avec justesse le temps de chien de votre régime pour en conjurer les maux. En réalité, cet atrabilaire est plein de compassion pour vous. DONNEZ-LUI UNE MÉDAILLE POUR CETTE LUCIDITÉ ENSANGLANTÉE. RENDEZ-LUI SA LIBERTÉ !!! Les mots de Nganang sont torrides, cinglants, saignants, voire meurtriers.

C’est aussi la fonction de l’écriture engagée : faire tomber les masques criminogènes du pouvoir politique. Ce sont des mots qui nous rappellent notre petitesse galvaudée par nos excès et notre imposture. Ils nous informent que bourreaux et victimes sont faits de la même matière.

QUE NOUS SOMMES TOUS PÉRISSABLES. Les mots de Patrice Nganang nous rappellent que malgré nos arsenaux sophistiqués, quoique bunkerisés, notre cou est tendre et une lame rasoir peut y voyager sans encombre. Qui tue par l’épée périra par l’épée !