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Opinions of Mercredi, 21 Mars 2018

Auteur: Boris ONOBIONO

Aviation civile: un réseau mafieux de Mebe Ngo'o détourne des fonds à volonté

Mebe Ngo'o, l'ex ministre des Transports Mebe Ngo'o, l'ex ministre des Transports

Le constat de la déchéance du secteur aéronautique dans notre pays n’est plus un scoop. Il est posé depuis fort longtemps et l’on assiste, impuissant ou complice selon la position dans laquelle on se trouve, à sa dégradation. Au-delà des grandes orientations, des résolutions et des choix de prestige effectués par les hommes politiques pour faire marcher un secteur technique donné, surtout lorsqu’il est revenu à un niveau de développement rudimentaire comme c’est le cas de beaucoup de choses au Cameroun, il faut en maîtriser les techniques à un niveau acceptable.

On ne développe pas un secteur par des notes administratives inapplicables. On doit maîtriser la technique pour pouvoir définir des projets et programmes viables et surtout « implémentables », c’est à dire pouvant donner des résultats visibles et palpables. Si le Ministre de la Santé Publique décide que le paludisme doit être éradiqué du territoire national, il n’élabore pas lui-même les programmes et protocoles pour ce faire. Il n’est pas médecin, il ne sait pas exactement comment la maladie évolue dans le corps et comment elle est soignée par les traitements prescrits. Il a comme tout le monde des connaissances générales, mais il ne peut se substituer au médecin pour apporter les solutions appropriées.

Il s’en remet donc à ce corps spécialisé pour donner vie à son projet et produire des résultats satisfaisants. Bizarrement, ce raisonnement pourtant logique et qui semble compris par tout le monde lorsqu’il s’agit de médecine ou même seulement d’administration territoriale (les administrateurs civils au Cameroun sont très jaloux de leurs « prérogatives »), est complètement ignoré lorsqu’il s’agit de secteurs tout aussi pointus, sinon plus, à l’instar de l’aviation civile. Ce secteur en particulier, a été rudement malmené ces dix dernières années, alors qu’il était déjà gravement malade.

On a vu les ministres des transports et leur hiérarchie mettre en œuvre grossièrement le principe bien camerounais selon lequel « n’importe qui peut faire n’importe quoi ». C’est ainsi que les choix de plus en plus mauvais des directeurs généraux de la CAMAIR-Co, pour ne citer que ceux là, ont amené inexorablement la compagnie aérienne nationale dans le gouffre financier où elle se trouve actuellement, mettant à mal le trésor public, sans résultats satisfaisants, si ce n’est de la poudre aux yeux au niveau de l’exploitation.

La CAMAIR-Co est devenue un agence de location d’aéronefs surfacturés, mine d’or pour ses directeurs généraux et leurs protecteurs qui, au lieu de développer une flotte et une exploitation rentables et efficaces, s’en servent pour se remplir les poches au maximum avant que tout s’écroule.

Les derniers directeurs généraux NANA SANDJO et DIKOUM Ernest en sont l’illustration parfaite. A l’Autorité Aéronautique (CCAA), le paysage n’est pas plus reluisant. Cette structure s’est progressivement débarrassée ou a fait fuir ses hauts cadres techniques les plus qualifiés ou les plus expérimentés.

De structure en charge de la supervision de l’aviation civile, elle est devenue une vaste industrie de détournements de la redevance aéronautique. Les scandales financiers des ères SAMA JUMA Ignatius et TANKAM Pierre ne sont pas encore fermés et on a actuellement un plus grand en cours avec l’ère KOKI ASSOUMOU Paule qui démontre manifestement qu’au delà de la formation de base, un minimum d’éthique est nécessaire pour atteindre les objectifs de développement du secteur. Pour se faire « nommer », Mme KOKI a menti sur son parcours en occultant 15 ans d’inactivité (sur ses prétendues 27 années d’expérience professionnelle) et en se présentant comme pilote en plus de son diplôme d’ingénieur de l’aviation civile.

Elle doit sa présence à la tête de la CCAA au dernier ministre des transports, M. MEBE NGO’O Edgard Alain, qui a réussi l’exploit de la faire installer par le Conseil d’Administration alors qu’elle ne bénéficie pas de décret présidentiel comme cela devrait l’être pour le dirigeant d’un Etablissement Public Administratif. Contre une obéissance aveugle à ses désidératas, M. MEBE NGO’O lui a promis de faire en sorte qu’elle échappe aux poursuites engagées par l’Etat du Cameroun contre les auteurs d’actes mafieux dans le cadre du projet MA60.

Pour ce qui est des Aéroports du Cameroun (ADC SA), les récents scandales des marchés fictifs de réhabilitation des aéroports internationaux, l’état de délabrement grandissant dans lequel certains se trouvent, le mécontentement de l’ensemble des usagers sont à l’image du directeur général qui règne sur ces lieux depuis l’année 2008, M. OWONA ASSOUMOU. Ce dernier est un imposteur, un faux ingénieur, qui ne doit son poste et sa longévité qu’aux bénéficiaires de ses rapines cachés dans les plus hautes sphères de l’Etat.

Au niveau du Ministère des Transports, la Division de l’Aviation Civile (DAC) ne fonctionne pratiquement pas après que le dernier Ministre des Transports, M.MEBE NGO’O, ait finalisé une purge sans précédent de tous les hauts cadres techniques des secteurs des transports aérien et ferroviaire. C’est ainsi qu’il a remis, sans aucune justification valable, les deux seuls ingénieurs du chemin de fer, l’ex-Directeur du Transport Ferroviaire et son collaborateur direct, par ailleurs enseignants de rang magistral, à leur administration d’origine, privant la Direction du Transport Ferroviaire des seuls hauts cadres du domaine dont elle disposait.

Pour se débarrasser des deux seuls experts aéronautiques qui acceptaient encore de servir l’Etat du Cameroun au sein de la fonction publique, à la tête de la DAC et à l’Inspection Générale du Ministère des Transports, il a même usé de faux en écriture publique. Le Ministère des Transports n’est désormais en charge de l’aviation civile que de nom.

Sa DAC étant non fonctionnelle, la gestion du secteur aéronautique et du transport aérien fait l’objet d’une cacophonie émanant du Secrétariat Général de la Présidence de la République, du Premier Ministère et des démembrements. Entre les imposteurs, les politiques profanes et les prévaricateurs de deniers publics aguichés par les énormes ressources disponibles, le tableau a du mal à prendre une forme cohérente.