Vous-êtes ici: AccueilActualités2018 04 30Article 438514

Opinions of Monday, 30 April 2018

Auteur: Michel Biem Tong

Ambazonie: violentes réactions après les exactions de l’armée à Lebialiem

Des habitations auraient été incenidées le week-end dernier à Lebialiem Des habitations auraient été incenidées le week-end dernier à Lebialiem

Loin de moi toute intention de porter à l’atteinte à l’honneur et à la considération de notre armée car on y retrouve encore des hommes qui lui font honneur. Mais les images qui circulent en ce moment sur Facebook montrant des militaires camerounais en train de répandre du feu sur des habitations à Azi Market Square dans le Lebialiem (sud-ouest anglophone du Cameroun) donne à voir non pas une armée républicaine censée protéger les populations et ses biens mais une bande de voyous et de gangsters qui sèment la terreur et la désolation dans le Southern Cameroon (le terme « région anglophone du Cameroun » est à bannir car ce territoire, juridiquement, n’est pas une région du Cameroun).

LIRE AUSSI:Ambazonie: une enseignante 'enceinte' assassinée dans une attaque

Depuis le déclenchement de la crise anglophone, l’armée camerounaise qui dit « combattre le terrorisme » brillent cependant par des méthodes terroristes : habitations brûlées parfois avec leurs occupants, innocents tués à bout portant, des populations chassées de leurs villages et contraintes de se réfugier au Nigéria voisin, des motos des jeunes villageois qui se débrouillent brûlés, etc.

Les militaires présents dans le Southern Cameroon semblent avoir reçu un permis de tuer, de massacrer, de brûler. Parce que leur chef, Paul Biya, président de la République du Cameroun, ne veut pas entendre parler de dialogue. Les soutiens du dictateur camerounais et quelques camerounais naïfs et sans conviction diront qu’il faut rétablir l’ordre troublé par des « bandits » qui prennent en otage, sèment la terreur et tuent. Tout ceci est à condamner certes mais en serait-on là si le pouvoir de Yaoundé avait convoqué un dialogue pour une solution de crise plutôt que d’opter pour la prise des armes ?

Au fur et à mesure que le temps passe, les positions se radicalisent. Dans un récent rapport, International crisis group parle du pourrissement de la situation sur le terrain. Une bonne partie du Southern Cameroon est livrée à des bandes armées, qu’il s’agisse d’Ambazonian defence force, du Tiger of Ambazonia ou des Red Dragons of Lebialem.

Pendant ce temps, Paul Biya est assis à son palais d’Etoudi avec femme et enfants, ne lève le petit doigt quand son armée massacre les femmes et les enfants d’autrui au Southern Cameroon dont il sollicitera pourtant les suffrages en octobre prochain. C’est irresponsable et ça ne fait pas sérieux !

LIRE AUSSI:Ambazonie: Paul Biya invité à Bamenda et Buéa

Le message que je vais lancer à Paul Biya et aux faucons qui l’entourent et le poussent à mener cette guerre stupide est ceci :

1-Les Anglophones ne veulent pas faire sécession mais veulent obtenir une indépendance qu’ils n’ont jamais eu depuis la résolution de l’ONU du 21 avril 1961 ;

2-l’Etat unitaire auquel ils tiennent tant est complètement illégal parce qu’en violation non seulement de la constitution fédérale du 1er septembre 1961 qui interdisait toute révision de la forme fédérale de l’Etat mais aussi de la résolution 1608 des Nations Unies ;

3-La frontière qui sépare la République du Cameroun du Southern Cameroon est une frontière internationalement reconnue et conformément à l’article 76-B de la Chartes des Nations Unies, le Southern Cameroon a bel et bien le droit de revendiquer l’indépendance totale devant aboutir à la création d’un Etat. Rien, même pas la constitution scélérate du 18 janvier 1996 qui elle-même s’inspire de la constitution illégale du 6 mai 1972 ne le leur interdit.

C’est aussi le lieu d’interpeller l’ONU qui a brillé par son indolence dans ce dossier. Cette instance internationale chargée d’assurer la paix dans le monde en promouvant le développement économique, sociale et culturel a abandonné le Southern Cameroon riche en pétrole aux appétits de la France qui, à travers ses valets à la tête du Cameroun depuis février 1958, refuse au peuple anglophone le droit à l’autodétermination.