Affaire Crtv - après 2000 jours de détention, le procès de Vamoulke renvoyé pour la 90 ème fois

• Amadou Vamoulke, ex Dg de la Crtv est accusé de détournement de fonds publics

• Il était au Tcs hier mardi pour la 90 ème fois après 2000 jours de détention préventive

• Son procès a de nouveau été renvoyé aux 14 et 15 mars prochain


Écroué à la prison de Kondengui le 29 juillet 2016 suite à des accusations de détournement de deniers publics, cela fait 2000 jours soit 5 ans et demi que le journaliste et ex Directeur de la Crtv est sous mandat de détention provisoire sans avoir été condamné ni jugé. Hier encore, le tribunal criminel spécial (Tcs) renvoyait son procès pour la 90 ème fois, a appris camerounweb.


L'ancien patron de la Crtv a été extrait pour la énième fois de la prison centrale de Kondengui à Yaoundè où coupit depuis plus d'un quinquennat pour le Tribunal Criminel Spécial de Yaoundè. Il était assisté par l'un de ses avocats Me Benjamin Chouai.

L'audience d'hier portait sur un certain nombre d'interrogations. La question des primes est une fois de plus au centre des débats. l’Ex-directeur général de l’entreprise publique audio-visuelle a insisté sur la légalité des primes. Lesdites primes sont octroyées par ses soins dans le cadre de l’élaboration du budget programme.

Amadou Vamoulke a été appelé à apporter un ensemble de précisions. L’accusé évoque les sessions du Comité de suivi présidées par la Direction des Affaires administratives et financières (Daaf). « Il ressort de l'audition du Daaf qu'il existe un problème réel au niveau du
trésor public quant à l'exactitude des chiffres qu'il nous communique lorsque nous demandons le solde de nos comptes... » a-t-il indiqué.

L'accusé a aussi exposé sur les sessions consacrées à l’élaboration de chaque budget de la Crtv. Le nombre desdites sessions excède la trentaine. Ce qui implique des enjeux financiers : « C’est pourquoi la CRTV a opté pour une prime forfaitaire par membre afin de préserver les finances de l’office », justifie l’Ex-directeur général de la Cameroon Radio Television. Le statut de directeur général fait
d'Amadou Vamoulke le responsable du budget programme de la CRTV. L'accusé l'admet volontiers. Dans ce sillage, il rappelle que le budget de la Crtv est présenté au Conseil
d'administration par le directeur général. Ce, pour son examen et son adoption. Dès lors, « on imagine pas qu'un directeur général vienne lire devant un Conseil d'administration un projet de budget dont il ne connait ni les tenants ni les aboutissants. », a-t-il ajouté.


Au terme de l'interrogatoire d'Amadou Vamoulke, l'audience est suspendue. La cause est renvoyée aux 14 et 15 mars prochains pour l'audition des témoins de la défense. Dans le cadre de cette affaire, Amadou Vamoulke, Jean Pierre Mbiaga, Belinga Gabriel, Ngamva Lucie, Abel Gara, Zufambom Vishiti Christianna épouse Vega sont accusés d'infractions de détournement de biens publics et coaction.

<< On a atteint le record de détention, de renvoie successifs et multiples sans aucune raison... Ça fait plusieurs années que ces accusations ne reposaient sur aucun fondement factuel et juridique. Et donc à chaque fois, chaque audience c'est l'objet d'un renvoi pour que l'accusation puisse amener des témoins, telle pièce qui manque au dossier ou certaines questions qui ne doivent pas être posées... Tout porte à penser que les autorités camerounaises parient sur un décès ou sur une maladie qui atteindra Amadou Vamoulke >>, a déploré Me Benjamin Chouai ce matin au micro de Rfi.


Il faut noter qu'en 2019 le groupe de travail des Nations-Unies sur la détention arbitraire avait estimé que la détention qu journaliste Camerounais n'avait pas de base légale.