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Opinions of Friday, 10 March 2017

Auteur: Guy Modeste DZUDIE

08 mars: les élites emballent les femmes à Bangangté

Embrigader, elles agissent en marionnettes Embrigader, elles agissent en marionnettes

Les mauvaises habitudes ont la peau dure sous les tropiques. L’agencement des rites de désacralisation de la femme et de la célébration de l’imbécilité font- honteusement- partie du décor lors de la célébration de l’édition 2017 de la journée internationale de la femme, le 08 mars à la place des fêtes de Bangangté. Dans le département du Ndé, notamment à Bangangté, une partie de l’élite a préparé son coup pour les échéances électorales de 2018. Pour infantiliser voire instrumentaliser les femmes de la localité, des ballots de pagne ont été commandés. Ils ont remis aux bénéficiaires.. aux sons des tambours et trompettes.

Faroteurs qui brandissement des billets claquants de 500 francs Cfa

Elles ont bravement défilé devant les autorités locales en exhibant la diversité des couleurs et l’originalité du style des couturières de la localité et commises pour la couture des « pagnes du 08 mars ». Et les femmes enveloppées dans les oripeaux d’une tyrannie programmée vont exulter de joie et camoufler leurs complexes d’infériorité face à une élite qu’elle contribue à faire grandir, au détriment de leur bonheur individuel et familial. Elles sont alors enrôlées-sans en avoir conscience-par des politiciens éhontés qui vont se servir d’elles comme du bétail électoral pour l’horizon 2018 ou comme des chansonnières pour animer la galerie lors des meetings politiques. En fait, des marionnettes, qui loin de revendiquer des hôpitaux ou des écoles pour leurs enfants vont se complaire dans un jeu, où des « faroteurs qui brandissement des billets claquants de 500 francs Cfa » se moquent de leurs misères ataviques.

Se liguer contre la négation de soi…

Il faut avoir le courage de la reconnaitre et de l’affirmer, la condition de la femme est moins reluisante au Cameroun, et notamment dans le département du Ndé. Que ce soit dans les plantations de Batela ou de Bantoum, ce sont elles qui, à longueur des journées, labourent, les sols pour non seulement nourrir la famille mais aussi épargner de l’argent pour envoyer les enfants à l’école. A 90%, elles ne bénéficient pas de la contribution de leur époux pour la ration quotidienne du foyer. Habitées par un élan maternel, ce sont elles qui prennent soins de leurs époux ou des septuagénaires que l’on rencontre dans les formations sanitaires de la place, notamment aux Cliniques universitaires les Montagnes ou à l’hôpital protestant de Bangoua. Au quotidien, elles se lèvent à 5 heures pour arpenter les campagnes question de, se ravitailler en denrées alimentaires extraits des plantations. Un tour au marché « B » de Bangangté, à celui de Kafen ou de Bantoum démontre à souhait le visage des femmes laborieuses, qui ont décidé de s’opposer au culte de la négation de soi, pour entonner l’hymne de l’affirmation personnelle ou de la consécration de la valeur de la femme. C’est l’expression de la reconnaissance de la femme en tant qu’être à part entière. Et ça donne un sens logique et éthique à la célébration du 08 mars. Loin de la dimension folklorique dans laquelle une certaine du Ndé comparée à la bourgeoisie compradore entend enfermer et embrigader les femmes du département des lettres.

Elle mérite respect

Il est question de stimuler les femmes, pas seulement pendant la semaine du 08 mars afin qu’elle dénonce cette injustice légendaire

qu’elles ont toujours eu à subir à cause de certaines lois formulées par le législateur. Car, il est question de limiter la discrimination sexiste. Il faut un nouveau code de la famille au Cameroun. Un code où la femme sera mieux considérée à Bamena, à Bangangté, à Bangoulap, à Bantoum, à Bazou, à Tonga, à Bangoua… et partout ailleurs. Les faits sont têtus. La femme mariée ou célibataire doit veiller à ce que l’enfant qu’elle accouche puisse s’épanouir. Il n’est pas question de permettre que la femme procrée des enfants qui vont souffrir. La reproduction cognitive des souffrances proférées dans les familles monoparentales sur plusieurs générations doit prendre fin.

Fragiliser juridiquement, économiquement et sociologiquement la femme, c’est réduit la chance des enfants. Il y a des injustices, il y a des malheurs qui peuvent arriver, à cause la marginalisation de la femme, tout simplement. Elite du Ndé, cessez d’emballer nos mamans, nos filles et nos sœurs dans le pagne du 08 mars. La réparation d’une injustice s’impose. Les femmes doivent aller à l’école au même titre que les hommes. Les femmes doivent apprendre des métiers…Elles aussi doivent être ménagées pour le travail de procréation qu’elles font. La femme est la mère de l’humanité. Elle mérite respect. Elle doit jouir de sa liberté, en toute dignité.