Le pauvre Issa Tchiroma avait été arrêté et torturé par le régime de Biya après la tentative de coup d'Etat du 6 avril 1984 qui avait été imputée à des soldats camerounais originaires comme lui de la région du Nord, et nostalgiques donc de l'ancien chef de l'Etat, Ahmadou Ahidjo, lui-même ressortissant du Nord.
Issa Tchiroma fut détenu pendant sept ans dans les geôles de Biya, et ne fut libéré qu'en 1991, à la faveur de la li d'amnistie promulguée par Biya à la sute des pressions populaires réclamant la restauration du pluralisme politique. Il prit très vite sa carte de militant du parti d'opposition UNDP, créé par un ancien proche collaborateur d'Ahidjo, feu Samuel Eboua, à l'instigation de Bello Bouba Maigari, un autre ancien ministre d'Ahidjo, et ancien Premier ministre de Biya (entre 1982 et 1983), Bello Bouba Maigari.
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Issa Tchiroma vitupérait Paul Biya à tous les coups, et supervisait dans sa ville natale de Garoua des actes de vandalisme pouvant mettre à mal le régime de Biya.
Un temps nommé ministre des Transports (27 novembre/1992), dans le cadre de l'exercice de débauchage des figures de l'opposition auquel Biya se livre régulièrement, Issa Tchiroma prit si bien goût aux délices du pouvoir, que quand il fut éjecté du gouvernement le 16 novembre 1996, il ressentit une amertume tellement immense qu'il recommença à vouer aux gémonies Paul Biya et repassa dans l'opposition.
En 2004, il fit partie des opposants qui s'allièrent au Dr. Adamou Ndam Njoya pour battre Paul Biya à l'élection présidentielle de cette année. L'échec de Ndam Njoya à cette élection consacra le désespoir définitif de l'ancien putschiste qui maigrissait à vue d'œil au point où l'on eut dit un échantillon d'Ethiopien du temps de la guerre civile au pays de l'empereur Hailé Sélassié.
Mais bon mauvais garçon, débrouillard et astucieux comme tout, il commença à partir de 2006 à changer de langage comme le font aujourd'hui ces anciens opposants pris à l'usure par Biya qui concentrent toutes leurs attaques sur Kamto depuis la campagne électorale jusqu'à ce jour.
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Ses appels du pied furent reçus cinq sur cinq par le régime qui fit de lui une recrue de choix en le ramenant au gouvernement le 30 juin 2009. Depuis lors, Issa Tchiroma est tenaillé par l'obsession de garder ce strapontin qui permet de bien manger et de sortir accompagné d'un gendarme garde du corps, très loin des taxis qu'il empruntait quand il était opposant et chaussait du troué, qu'il est prêt à mettre le Cameroun à feu et à sang s'il est convaincu que cela le ferait toujours bien regarder par Paul Biya, la main qui le nourrit. Pour cela, il a fait de Biya son nouveau dieu. Allah Akbar !!!!
Mais parfois, Biya ne reconnait pas toujours les siens, son âge très avancé oblige. Comme c'est le cas quand on apprend que Biya l'a empêché malgré lui de monter au créneau le 15 octobre 2018 pour défendre l'indéfendable... mascarade électorale. On vous avait dit que Biya était pris en otage par une bande de parricides qui veulent le tuer de... pouvoir.