Au Rwanda, il faut à peine 48 heures pour connaître les résultats officiels de l’élection présidentielle. Mais au Cameroun, il faut patienter 15 jours pour la publication alors que le dépouillement se passe le même jour. Pendant tout ce temps, les gouverneurs de régions, les préfets, les hauts fonctionnaires tous nommés par Paul Biya, procèdent au bourrage des urnes et la falsification des procès verbaux sur la supervision du ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation . Ensuite, c’est ELECAM et la Cour Constitutionnelle dont tous les membres sont des militants du parti au pouvoir RDPC et sont nommés par Paul Biya, qui valident les résultats.
Comme à chaque élection présidentielle au Cameroun, les irrégularités et les magouilles sont constatées, mais jamais annulées. Même au bureau où Paul Biya est allé mettre l’enveloppe dans l’urne, il y avait ses portraits affichés et les groupes de danse, alors que la loi l’interdit. Un militant de son parti a été surpris entrain d’introduire les enveloppes dans l’urne pendant que le service protocolaire déroulait le tapis rouge au Président sortant-entrant. Au petit marché d’Essos à Yaoundé, une usine de fabrication de fausses cartes d’électeurs a été découverte.
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“Les irrégularités auront été manifestes, ignobles ( refoulement des représentants, bourrages, absence de nos bulletins dans les centres de vote, violences physiques, absence de noms sur les listes…)
Nous rejetons d’ores et déjà les résultats issus de ces bureaux de vote entachés de fraude”, dénonce dans un communiqué Cabral Libii, candidat du parti Univers.
“Les premières tendances déjà disponibles sont largement favorables au Président Maurice Kamto , et, c’est à chacune et à chacun de vous que revient le mérite de ces tendances(…) Le changement tant désiré est en cours de téléchargement très avancé. Je vous invite par la même occasion, à rester vigilants afin que notre victoire ne nous soit pas volée”, écrit Paul Éric Kinguè, directeur de campagne du candidat Maurice Kamto. Aussitôt, un impressionnant cordon militaire lourdement armé a pris d’assaut le QG du parti MRC à Longkak. Le candidat a annoncé la délocalisation de sa conférence de presse à Odja, une banlieue de Yaoundé. Le scénario du scrutin de la victoire arrachée au candidat du SDF Ni John Fru Ndi est entrain de se dessiner.
Le 26 mai 1990, le SDF avait engagé un bras de fer contre le régime pour le retour au multipartisme. L’armée de Paul Biya était partie encercler le QG du parti d’opposition et avait tué 6 militants qui manifestaient sans arme. La communauté internationale avait obligé Paul Biya d’accepter le multipartisme en août 1991. La première élection présidentielle au suffrage universel direct avec 7 candidats se déroule le 11 octobre 1992.
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Alors que le candidat de l’opposition Ni John Fru Ndi bat à plate couture Paul Biya après le dépouillement des bulletins, Gilbert Andzé Tsoungui, ministre de l’Administration Territoriale, renverse grossièrement les résultats, au point de confondre les résultats des législatives à ceux de la présidentielle et le nombre d’électeurs supérieur au nombre d’inscrits. Ni John Fru Ndi est assigné à résidence surveillée par l’armée et la police. Paul Biya est proclamé vainqueur par son ami nommé président de la Cour Suprême.
Incapable de battre campagne et de présenter un bilan, le chef d’État sortant a plutôt préféré corrompre les hauts fonctionnaires avec des sommes astronomiques pour assurer son hold-up. Voici les montants qui ont été officiellement débloqués pour ces personnalités qui ont pourtant déjà un salaire de l’État:
Chaque gouverneur de region a touché 3 000 000 de francs CFA, soit un sous-total de 30 000 000 FCFA pour les 10 que compte le Cameroun. Chaque secrtaire a bénéficié de 700 000 FCFA, soit 7 000 000 de FCFA pour les 10. Les 10 inspecteurs régionaux ont touché chacun
600 000 FCFA, soit 6 000 000 de FCFA. Chaque chef de cabinet a émargé 400 000 FCFA, soit 4 000 000 FCFA pour les 10. Les 57 préfets ont eu chacun 1 500 000 de FCFA, soit un montant de 85 500 000 FCFA. Chaque premier adjoint a touché 400 000 de FCFA , soit 22 800 000 FCFA. Les 57 A2 ont touché 400 000 FCFA, donc 22 800 000 FCFA. Les 57 A3 ont aussi le même montant 400 000 FCFA, soit 22 800 000 FCFA. Les 361 Sous Préfets ont eu droit à 1 000 000de FCFA, soit 361 000 000 FCFA. Leurs 361 adjoints ont aussi touché 300 000 FCFA, soit 108 300 000 de FCFA.
Quand on fait l’addition, ça donne un total de 669 700 000 FCFA distribués aux fonctionaires pour truquer l’élection. On ne compte pas l’arrosage des chefs de villages, de cantons, et surtout les officiers supérieurs de l’armée et de la police qui seront chargés de massacrer les populations lors des manifestations. Comme le disait George Bernard Shaw en 1944: ” À la nomination d’une petite minorité corrompue, la démocratie substitue l’élection par une masse incompétente “.