Le comédien qui est décédé hier jeudi 27 avril, était le meilleur imitateur du chef de l'Etat Paul Biya.
"Le meilleur imitateur que j'ai connu à travers les médias. Même pas Canteloup (sorry pour l'ortho). Il manquait juste à Antonio (feu maintenant) pour repousser les limites, de l'assiduité, de la constance et la répétition ardue.
C'était un grand artiste doublé d'un libre penseur. Il prenait inconsciemment des risques dans la provoc. En réalité le trait majeur de caractère des gens libres d'esprit. Il se contentait parfois de lâcher "Castigat ridendo mores" [corriger les mœurs en riant] lorsque piqué au vif par la critique acerbe sur la tonalité de ses textes.
Je l'ai écouté tourner en dérision les postures publiques de Biya ou de Kontchou Kouemegni entre autres, avant la libéralisation de l'audiovisuel au Cameroun. Une aventure osée au début des années 90.
Je me souviens aussi, heureusement, de ce mélange de Kouakam Narc6 et de Coluche qui ramenait le tribun d'un autre genre à sa simple dimension artistique. "Tjrs grossier mais jamais vulgaire".
Le devancier au Cameroun de Kaïser, Méchékan et autre Petit Président était un précurseur de l'imitation. Et malgré de nombreux avatars de son personnage, il est resté le plus profond de tous par des textes puissants à côté d'un jeu d'acteur hors pair.
L'on se massait aux coins de rue pour écouter ses numéros en se tordant de rire et en même temps, inquiet pour son audace.
La dernière fois que je l'ai rencontré, on a partagé sa guigui bien aimée et devisé pendant plus d'une heure. J'essayais de le convaincre de produire avec moi, une capsule quotidienne de 6 min sur un debriefing de l'actualité. L'artiste qu'il était rentrerait dans la peau des personnalités mises au devant de la scène par l'actualité. Je n'ai pas pu, hélas, l'y convaincre. L'artiste ne sentait pas mon projet. C'était trop marqué Canteloup.
Que voulez-vous? Antonio n'aimait pas copier. C'était un artiste. Et comme tel, il adorait créer".