Opinions of Monday, 25 September 2017

Auteur: lequatriemepouvoir.com

Paul Biya doit convoquer une conférence nationale- Eric Vareni

Suite à une radicalisation sans précédent de la crise dans les régions anglophones, parole est donnée au Quatrième Pouvoir par le truchement du Directeur de Publication Eric Vareni. Le journaliste émet des pistes explicatives des derniers développements. Propos recueillis par le Journal Emergence.

Emergence : Face à ces faits, peut-on dire que la crise anglophone est en train de basculer vers une lutte armée?

Eric VARENI : Les faits exposés ici témoignent d’une évolution d’approche dans les manifestations ou les revendications des “Anglophones”. Le Problème Anglophone qui au départ était des revendications corporatistes, ensuite sociales est dans une phase délicate. La répression violente du gouvernement a certainement frustré et radicalisé une partie des Anglophones.

Le SCNC (le mouvement sécessionniste) qui existe depuis bien qu’étant interdit par les autorités a profité de cette situation pour remettre sur la table la question d’indépendance. Après la libération de certains leaders emprisonnés et les différents appels lancés aux parents pour la rentrée scolaire, les radicaux utiliseraient ces explosions pour intimider la population. Une sorte de mise en garde. La lutte n’est plus pacifique! On n’est plus seulement au niveau des villes mortes. Après les incendies criminels place maintenant aux explosions. La lutte devient armée et asymétrique.

Emergence : Que préfigurent ces bombes qui explosent à Bamenda?

E.V. : Ces bombes laissent penser que la situation est très inquiétante et que les radicaux sont déterminés à lutter avec des moyens non conventionnels. Le temps Nord-ouest à une proximité avec l’Est du Nigéria et la porosité des frontières laissent une incertitude sur la capacité de nuisances des radicaux. Les bombent qui pour moi est une alerte pourraient donc continuer à exploser surtout que les protestataires auraient des soutiens sur le terrain....suivez mon regard.

Emergence: Est-ce que les sécessionnistes ne jouent-il pas à un jeu dangereux en optant pour ce type d'action, surtout qu'il y a peu, le Mincom nous apprenait que des armes lourdes ont été saisies à Mbengwi?

E.V. : Les sécessionnistes jouent certainement un jeu bien dangereux en choisissant les explosions comme outils d’intimidation. Ils donnent une raison au Gouvernement d’utiliser la force et de les qualifier de “Terroristes” car ils utilisent les bombes comme Boko Haram la seule différence que c’est pour intimider et non tuer. En même temps, les sécessionnistes savent que ce qui attirera l’attention de la Communauté Internationales ne peut être qu’une lutte armée qui pourrait nécessiter une discussion sur la forme de l’Etat.

Emergence: Comment le gouvernement devrait-il gérer cette actualité?

E. V : Le Gouvernement doit à mon avis négocier avec les moins radicaux et les modérés. Ce qui pourrait rendre les sécessionnistes minoritaires. Le débat sur la forme de l’Etat doit être lancé. Le Chef de l’Etat doit convoquer une conférence nationale souveraine inclusive pour résoudre ce problème. Mais avant tous les prisonniers doivent être relâchés.

L’utilisation de la force ne pourra renforcer qu’un climat de tension et de frustration. D’un autre côté, j’ai bien peur que toutes les négociations n’aboutissent pas par manque de confiance à l’actuel régime, car après avoir adopté la décentralisation depuis 23 ans elle n’est pas toujours effective. On ne saurait confier la mise en place de la Fédération à un régime qui n’a pas pu mettre en place la décentralisation.