Il s’agit de l’un de ces seigneurs de guerre que le régime de Biya et son attitude va-t’en guerre ont suscité à travers toute la zone anglophone du Cameroun. Des milliards de FCFa ont été promis par le pouvoir de Yaoundé à celui qui lui ramènera sa tête. Il n'est pas le seul à désister de sa mission. Plusieurs militaires camerounais une fois déployés au NOSO deviennent des sécessionnistes armés contre le régime Biya.
De son vrai nom Oliver Lekeaka, Field Marshall est un soldat déserteur du Bataillon d’intervention rapide (BIR), une unité d’élite de l’armée camerounaise. L’ex-soldat du BIR a rejoint la résistance anglophone qui revendique le retour au British Southern Cameroon d’avant le 1er octobre 1961, l’union avec la République du Cameroun indépendante depuis le 1er janvier 1960 ayant été d’après les militants anglophones, un marché de dupes.
Field Marshall est à la tête d’un groupe d’autodéfense appelé Red Dragons qui, fort de près de 2000 combattants de sources proches du département de sécurité du mouvement indépendantiste anglophone, contrôle le département du Lebialem, au sud-ouest anglophone. Ce groupe armé constitué en majorité de soldats déserteurs de l’armée camerounaise est l’un des plus armés et les plus féroces de tous ceux qui opèrent en zone anglophone.
Plusieurs batailles ont été engagées à Lebialem par les forces armées camerounaises. Sans succès.Celle qui a fait davantage parler d’elle sur les réseaux sociaux c’était celle du 22 au 24 juillet 2018. Une bataille menée par des troupes camerounaises et commandée par un capitaine au nom de Meyomesse. Hélicoptères, drones et une centaine de soldats du BIR et du Bataillon d’infanterie motorisé (BIM) ont également été mise à contribution.
Le 24 juillet 2018, alors que les agents du régime Biya faisaient circuler sur les réseaux sociaux l’information selon laquelle 125 Red Dragons ont été neutralisés et Field Marshall capturé vivant, ce dernier va apparaitre dans une vidéo le même jour pour démentir cette info non sans défier l’armée camerounaise de venir affronter son bataillon. Ce qui fait également la spécificité de Field Marshall c’est son “baby”, un pistolet automatique qu’il aime emboucher.
Fin décembre 2018, une autre bataille intense a eu lieu entre l’armée camerounaise et les combattants de Red Dragons. A la suite des combats, la communication de l’armée camerounaise a annoncé que Field Marshall a été blessé et qu’il est en fuite au Nigeria où il a été tué et enterré. Le magazine panafricain Jeune Afrique l’a relayé début janvier dernier. Mais Field Marshall est apparu plusieurs fois les mois suivant à travers des audios. Il a même d’ailleurs réussi à déjouer un plan de neutralisation de tous les combattants Red Dragons par l’armée camerounaise il y a quelques mois.
En effet, début avril dernier, un agent des services secrets camerounais est entré en contact avec général Ayeke, commandant en second des Red Dragons et agent infiltré à qui il a remis une forte somme d’argent pour une mission, celle de neutraliser tout le groupe armé Red Dragons. Un plan a été mis sur pied: au cours d’une bataille avec les forces de défense camerounaises, général Ayeke va se disputer avec 3 combattants, tuer ces derniers et laisser son badge sur l’un des corps. Puis, des soldats (sans doute inclus dans ce plan) vont prendre des photos de ces corps , les poster sur les réseaux sociaux pour annoncer la mort de général Ayeke. Puis ce dernier va apparaître et proposer à Field Marshall de célébrer ce triomphe de la vie sur la mort en organisant une grande fête au camp d’Azi avec tous les Dragons. Sentant du louche, Field Marshall va dire non à cette célébration surtout qu’il vient de perdre 3 de ses “soldats”. Curieusement, c’est cette nuit prévue pour la célébration d’une escouade du BIR puissamment armée va attaquer le camp d’Azi. Mais ne s’y trouvait que le veilleur de nuit qui a été tué et les dizaines d’autres combattants ont réussi à battre en retraite abandonnant leur arsenal.
Le plan venait donc d’échouer car il était question de regrouper tous les Red Dragons dans le camp d’Azi, de les faire manger et boire jusqu’à ivresse et une fois endormis, les soldats allaient surgir et les neutraliser tous. D’après une source anonyme au sein de l’armée nationale, la bataille de Lebialem est l’une des plus rude. Plusieurs soldats, poursuit la source, y ont perdu la vie et l’armée un important matériel roulant (camions, blindés). Les Red Dragons revendiquent la destruction de 2 hélicoptères de l’armée. Mais rien ne nous permet de le dire avec certitude.
Cet article vise non pas à prendre fait et cause pour un groupe armé mais à rappeler au pouvoir de Yaoundé qu’on ne fait pas la guerre contre son propre peuple et que cette crise ne connaîtra aucune issue par la voie des armes. Seule la négociation peut sauver la paix en zone anglophone.