Une rétrospective à Douala présente un demi-siècle de travail du plasticien.
Peut-on seulement résumer Koko Komegne en quelques phrases pour un quelconque article de presse qu’on trouvera dans les pages d’un journal ? Difficile.
Pourtant, il le faut. Parce que voyez-vous, en cette année 2016, Koko Komegne fête ses 50 ans d’arts plastiques. 50 ! A 66 ans passés sur terre. Alors, plus qu’un travail, c’est sa vie.
Son histoire. Qu’il a choisie de raconter au grand public à travers une exposition rétrospective « Sweet Logik » depuis le 18 mars dernier à l’espace contemporain Doual’art (une des étapes de la célébration prévue pour toute cette année 2016) à Bonanjo.
Plus de 200 œuvres de peinture, sculpture, dessin, etc., un univers défini par l’artiste lui-même, commissaire et scénographe de l’expo.
Doual’art, c’est plus qu’un lieu d’expo pour Koko, c’est un acteur déterminant dans le parcours de ce pionnier des arts plastiques au Cameroun.
Là où il retrouvait le défunt directeur artistique Didier Schaub, qu’il avait rencontré des années auparavant. La rétrospective lui est d’ailleurs dédiée.
Et Koko dira au soir de son vernissage (qui a vu affluer la foule dont de nombreux artistes), dans son légendaire franc-parler : « si je suis en veste aujourd’hui devant vous, c’est pour rendre hommage à Didier. » Effectivement, s’endimancher, ce n’est pas le fort de M. Komegne.
On remarque d’ailleurs que pour accompagner la veste, il porte son bon vieux jeans. Celui-là qui ne le quitte jamais, en même temps que son blouson – en jeans aussi – qu’il a accepté de mettre de côté pour cette occasion, très rare (l’autre était le mariage de sa fille).
Sa tenue sans artifices, un peu débraillée, c’est la philosophie de Koko Komegne. Le luxe ne l’intéresse pas. Seul compte l’art. Peu importe les difficultés qu’il rencontre. Et il en a connues, lui qui complètement démuni, a dû de temps à autre peindre une fresque contre un repas dans un bar ou un restaurant.
Mais cela n’a pour autant pas stoppé le plasticien. Après tout, il a toujours été un grand débrouillard. Illustration avec la rencontre à Douala qui a marqué le début de sa carrière en 1966, avec le peintre publicitaire et de chevalet (à ses heures perdues) Jean Sabatier.
Ce dernier a beau lui dire « Je n’ai plus le temps de former quelqu’un », qu’importe ! Koko (né Gaston) ne dira plus rien et reviendra chaque joue se poster derrière l’homme et l’observer peindre.
De lui, il apprendra et prendra beaucoup. Comme cet attrait pour la publicité qui lui permettra d’empocher quelques sous. Qu’il réinvestira dans la recherche de sa propre voie artistique.
Et il la trouvera à travers une théorie, la « diversion optique ».
Théorie qui l’accompagnera tout au long de ses explorations d’autres formes d’art, de ses multiples expériences et expositions.
Parce que Koko, il ne fait pas de l’art comme tout le monde. Il va être créateur dans la création.
Cassant les codes de la figuration pour lui donner une expression plus libre. Qu’il résume bien par cette phrase, parlant de peinture : « Je peins plus volontiers avec les yeux fermés qu’avec les yeux ouverts ».
Mais les visiteurs auront besoin de garder leurs yeux et surtout leur esprit bien ouverts en visitant les œuvres de Koko Komegne jusqu’au 9 avril prochain, ses tableaux qui racontent l’urbanité à leur façon, ses masques sortis tout droit d’une autre dimension, ses dessins…rappelez-vous, diversion optique !