Opinions of Friday, 3 November 2017

Auteur: Michel Biem Tong

Graves révélations de Messi Messi sur la famille Biya

En tant que journaliste engagé pour les questions des droits humains, j’ai maintes fois dénoncé les agissements de la petite famille du président camerounais Paul Biya notamment dans le cadre de la détention politique de certains hauts commis de l’Etat. Aujourd’hui, je viens de me rendre compte que ce cercle familial est un cancer qui pille le Cameroun et ronge son économie déjà très mal en point.

Dans l’édition No 155 de Mai 1992 du magazine Jeune Afrique Economie, l’ancien directeur général de la défunte Société camerounaise de banques (SCB), dans une interview accordée à Celestin Monga, décrit par le menu comment Paul Biya (au pouvoir depuis le 6 novembre 1982) et ses prête-noms ont fait de cette institution bancaire publique leur vache à lait : « Je peux vous révéler que j'ai tenu des comptes numérotés dans ma banque pour les affaires de M. Biya. Et cela a duré de longues années... Voici d'ailleurs quelques numéros : 31 109 242/48 ; 1131109 349/ 58 ; 31109333/42 ; 31109237/43 ; 31110937/94. Les deux premiers cités étaient au nom de Azé'e Ongono Jérémie; les autres étaient ouverts au nom de Mva Albert Cherel », souligne Messi Messi aujourd’hui réfugié au Canada. Le Sieur Mva Albert Cherel, de sources dignes de foi, aurait trouvé la mort récemment dans des circonstances qui demeurent floues.

Gabegie

Voici tel que détaillé par Messi Messi à Jeune Afrique en 1992 comment Paul Biya et sa famille ont pillé la SCB.

« Etat des opérations effectuées par le directeur général de la SCB pour le compte ou chef de l'Etat et de sa famille.

A - Prélèvements en francs CFA Effectués par : MM. Mva'a Albert Cherel & Azé'e Jérémie pour :

• Virement en faveur de maître Kack Kack, notaire à Yaoundé, pour le financement d'un achat de terrain pour la construction d'un immeuble d'habitation de très haut standing à Yaoundé, au quartier Ekoudou, immeuble loué par la suite à l'ambassade de l'ex-République fédérale d'Allemagne au Cameroun pour servir de résidence à l’ambassadeur ;

• Prélèvement effectué pour l'acquisition d'une pierre tombale à la suite du décès du frère aîné du Président ainsi que pour la couverture de diverses dépenses liées aux funérailles, à Mvomeka'a ;

• Retrait pour le compte de Mme Owono Ndi, parente de Mme Biya et cadre de la SCR en stage en France ;

• Financement de dépenses locales liées aux travaux de construction du palais et de l'aéroport présidentiels à Mvomeka'a (200 millions de F CFA) ;

• Financement de dépenses locales liées à la construction à Mvomeka'a de baraquements pour la Garde présidentielle et de quelques résidences de haut standing pour initiés ;

• Financement des dépenses, locales liées à la gestion de la Ferme du Sud à Mvomeka'a ;

• Financement des dépenses locales liées à la gestion des plantations de Mvomeka'a ;
TOTAL DES PRELEVEMENTS EN FRANCS CFA » M. Mva'a Albert Cherel : 3 551 149 501 F CFA ;

B - Prelevements en francs francais (FF) Initiés par le directeur général de la SCB sur hautes instructions

• Virements effectués en faveur de M. Olivier Cacoub (architecte du palais de Mvoméka’a) par prélèvements sur le compte de la SCB à American Express Banque France (Agence de Paris) :

• Virements effectués en règlement des différentes dépenses en devises liées à la construction du palais présidentiel de Mvomeka'a. Le calendrier des virements se présente comme suit :

Mars 1988………………………………………10 000 000 FF
II mars................. 3 000 000 FF
6 juillet................. 7 500000 FF
14 mars................. 2 500 000 FF
16 mars................. 3 500 000 FF
18 mars................. 1 000 000 FF

Juillet 1988 25 000 000 FF
7 juillet................. 7 500 000 FF
8 juillet................. 5 000 000 FF
11 juillet................ 5 000000 FF

Total des virements effectués en faveur de M. CACOUB : 1 750 000 000 F CFA

C - Operations en devises (Franc belge)

• Dans le cadre du financement des importations de Belgique de matériel et des équipements liés au projet de la Ferme du Sud, la SCB a donné sa contre-garantie à un CREDIT ACHETEUR consenti par la Générale de Banque de Belgique à la famille Biya, promotrice du projet.

• Par la suite, cette dernière n’ayant pas été en mesure de rembourser les premières échéances du prêt, la SCB s'est trouvée dans l'obligation de rembourser le crédit en son lieu et place.

D - Credits accordes aux membres des familles du president biya

Ces crédits accordés sur instructions de la famille royale concernent :

• Le financement de la construction de deux villas à Yaoundé, pour le compte de la sœur cadette du Président, Mme Marie Mengue ;

• Le financement de la construction de deux villas à Yaoundé pour une des sœurs cadettes de Mme Biya (Mme veuve Onana) ;

• Le financement de la construction d'une villa à Yaoundé pour une autre sœur cadette de Mme Biya (Jeanne Irène, pardon pour son âme, ndlr), en service à la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS), Mme Ndame Marguerite.

Prets sans garanties

Le général de brigade Benoît Asso'o Emane, commandant du quartier général militaire à Yaoundé (au moment de la publication de ce document confidentiel), est très proche du chef de l'Etat. Sans aller jusqu'à donner les chiffres, Robert Messi Messi avoue avoir prêté au général Asso'o de quoi financer un « Hôtel de référence »que ce dernier a construit à Ebolowa. Le coût de la construction est estimé entre 200 et 300 millions de F CFA, financés par la Société camerounaise de banque, sans garanties ».

Voilà comment le pays était géré à la fin des années 1980 et comment il l’est sans doute de nos jours par une family connexion qui veut confisquer le pouvoir par tous les moyens. Paul Biya a engagé un combat contre les prévaricateurs de la fortune publique alors qu’il n’est pas un exemple en matière de bonne gouvernance.

Robert Messi Messi a dû fuir le Cameroun en se déguisant en musulman en passant par le Nigéria avant de se retrouver au Canada. Ce dernier subissait la pression du patron de la SDECE (aujourd’hui DGRE, services secrets) de l’époque, Jean Fochive qui, au cours d’une rencontre au domicile d’un certain Etoundi « Kiki » (indic de la DGRE mort pendu en 2015), lui pressait de remettre les documents confidentiels qui accablaient le chef de l’Etat et ses proches.