L’aéroport international notamment, au centre de la nouvelle technique d’escroquerie à la mode. Comme souvent, cela commence par une conversation soit téléphonique, soit par réseau social. Lorsque Régine J. reçoit des messages de ce vieil ami basé en Europe, elle n’est pas sur ses gardes. Ce dernier souhaite passer par elle pour envoyer plusieurs articles de valeur à la famille restée au pays, et bien évidemment a aussi prévu quelques cadeaux pour elle. Il lui communique toutes les références de cette expédition, et lui notifie l’envoi.
Quelques jours plus tard, c’est un numéro local qui la contacte, disant être du service du fret de l’aéroport de Garoua. Il confirme les mêmes références d’expédition et la consistance du paquet, et explique que l’envoyeur ayant oublié de préciser la ville, le colis a atterri par défaut à Garoua. Il est donc question qu’elle envoie, via un compte bancaire, les frais pour que le colis lui soit retourné à Yaoundé, plus les taxes. La démarche aurait sans doute abouti, si Régine J. ne connaissait pas un responsable régional basé à Garoua, qu’elle appelle pour qu’il l’aide à retirer ledit paquet. Sauf que ce dernier, qui en un mois a déjà reçu au moins quatre sollicitations identiques, la prévient bien vite qu’il s’agit de cyber arnaqueurs.
Chose qu’elle vérifiera par la suite en entrant de nouveau en contact avec son ami basé en Europe, et dont le numéro était en fait piraté. A l’aéroport de Garoua, les services de Camair-co confirment la multiplication des cas de victimes de cette technique, venues réclamer auprès d’eux des colis qu’ils n’ont jamais reçus.
« Ils utilisent beaucoup Garoua sans doute parce qu’ils ont un complice ici, mais surtout parce que comme c’est loin de Yaoundé et Douala, lieux de prédilection de leurs victimes, celles-ci sont difficilement en capacité de vérifier physiquement la véracité des informations fournies », poursuit notre informateur. De leur côté, les forces de sécurité disent être parfaitement au courant de ce phénomène, qui n’a pas épargné certains hauts responsables régionaux. Mais les puces utilisées étant souvent non identifiées, difficile de remonter les filières.