Il y a exactement 35 ans, le 4 novembre 1982, Ahmadou Ahidjo annonçait à 20 h 20, sa démission de son poste de Président de la République du Cameroun, et proclamait Paul BIYA son successeur. Rappel de l'histoire.
En décembre 1967, Ahmadou AHIDJO nomme Paul BIYA directeur du cabinet civil de la présidence. En août 1968, il le propulse ministre Secrétaire général à la présidence, puis ministre d’État Secrétaire général à la présidence. En juin 1975, il fait de Paul BIYA son Premier ministre. Et pour lui offrir un tapis royal, AHIDJO promulgue la loi No 79/02/ du 29 juin 1979, qui fait du Premier ministre Paul BIYA son successeur constitutionnel.
De retour d'une visite médicale à Paris, le Président Ahmadou AHIDJO convoque Paul BIYA dans sa résidence le 3 novembre 1982 et lui informe à 10 h 15 qu'il sera son successeur dans 24 heures. Il convoque également Samuel Eboua d'informer tous les membres du gouvernement. Tous sont en larmes et reviennent supplier AHIDJO de ne pas démissionner. Furieux, il leur répond : ? Nul n'est indispensable. C'est ma mort que vous voulez? Ou vous voulez que je m'écroule en public en faisant un discours? ?.
Le lendemain, AHIDJO annonce sa démission après 24 ans et 8 mois de pouvoir. Il avait 58 ans. Il laisse le Cameroun avec la première compagnie de transport aérien de l'Afrique noire CAMAIR, la compagnie de transport maritime CAMSHIP, la société de transport de chemin de fer REGIFERCAM, les sociétés SODECAO et SODECOTON pour le cacao et le coton, la SNH pour les hydrocarbures, la SNI pour les investissements, la SNEC pour l'eau, la SONEL pour l'électricité?, les banques agricoles FONADER, FOGAPE, MIDEVIV, etc. Le Cameroun est autosuffisant alimentaire et ravitaille le Gabon, la Guinée Équatoriale, la RCA, le Tchad, l'Éthiopie, le Rwanda, la Chine, l’Inde...Tous les étudiants camerounais bénéficient des bourses. Les hôpitaux sont gratuits. Le Cameroun est le premier pays africain à construire les logements sociaux appelés camps SIC. AHIDJO construit non seulement le palais des congrès, mais aussi le nouveau palais présidentiel et la plus grande télévision d'Afrique subsaharienne CRTV. La liste est interminable.
35 ans après, Paul BIYA a vendu 99% des sociétés qui faisaient la fierté du Cameroun. Le chômage et la misère des jeunes plafonnent. Les villes sont salles. L'eau est jaune. L'électricité rare. La crise anglophone et les revendications sociales s'enchaînent. Mais, Paul Biya, 85 ans, refuse de passer la main comme son bienfaiteur Ahidjo. Son ambition est de mourir avec le Cameroun qu'il n'a jamais aimé comme il adore la Suisse.