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Infos Business of Jeudi, 19 Juillet 2018

Source: Emergence/No 3001

L’émergence et fiscalité, une réforme nécessaire

Le Cameroun a vu se réaliser des ouvrages essentiels comme la construction du port de Kribi Le Cameroun a vu se réaliser des ouvrages essentiels comme la construction du port de Kribi

Le Cameroun est en travaux : les chantiers d’infrastructures se multiplient, certains à la faveur de la prochaine Coupe d’Afrique des Nations dont le pays est organisateur en 2019. Mais est-ce suffisant pour placer le pays sur la voie de l’émergence ? L’arbre qui cache la forêt.

Sur les deux dernières années, le Cameroun a vu se réaliser des ouvrages essentiels comme la construction du port de Kribi, la réalisation du projet hydroélectrique de Nachtigal ou encore des ponts sur le Wouri et la rivière Cross. Ces grands travaux s’accompagnent généralement d’avantages fiscaux et douaniers significatifs prévus par la loi de 2013 portant sur les investissements privés. Ils ne doivent pas masquer certaines faiblesses du Cameroun dans d’autres secteurs d’activités essentiels pour prendre la voie de l’émergence, notamment celui de la transformation industrielle.

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L’annonce du ministère de l’industrie en juillet 2018 selon lequel près de 360 projets industriels cherchent des investisseurs dans les secteurs de la transformation locale de matières premières ainsi que la situation financière préoccupante de la CDC – deuxième employeur du pays et producteur de caoutchouc, banane et huile de palme – illustrent cette faiblesse.

Une fiscalité à adapter

L’inadéquation de la fiscalité courante au secteur clé de la transformation industrielle est un frein à l’industrialisation de l’économie camerounaise et à son émergence. La plupart des opérateurs économiques établis doivent faire face à un régime fiscal qualifié par certains de confiscatoire, peu attractif pour les investisseurs étrangers et qui par ailleurs ne permet même pas de répondre aux exigences budgétaires de l’État (les recettes fiscales sur le premier semestre seraient en baisse).

Avec un taux de l’impôt sur les sociétés de 33 % dont le montant minimum, dû même en cas de déficit, s’élève à 2,2 % du chiffre d’affaires sans limitation, une taxation des plus-values de cession directe ou indirecte de valeurs mobilières difficile à mettre en œuvre, des contrôles fiscaux à répétition portant sur les mêmes exercices, une procédure fiscale coûteuse, le Cameroun dénote parmi les pays africains visant ou étant parvenus à l’émergence.

Si l’on en croit le travail accompli en 2017 par le « think tank africain » l’Observatoire de l’Émergence en Afrique, le Cameroun apparaît dans l’avant-dernier groupe, celui des pays ayant un potentiel d’émergence, derrière ceux considérés au seuil de l’émergence (tels que l’Algérie, le Sénégal, le Bénin) ou l’ayant atteint (comme Maurice, le Rwanda, le Ghana).

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Pour la détermination de cet index de l’émergence, 23 critères regroupés en quatre dimensions (politique, économique, humain et social), ont été pris en compte. Certes, la fiscalité ne crée pas à elle seule l’émergence, mais le fait de disposer d’un cadre fiscal moderne, cohérent, attractif et orienté vers le développement des industries et des services y contribuent grandement.