La préparation du match France-Cameroun, du 9 octobre 2018 est certainement encore dans les mémoires des Lionnes indomptables, au-delà de la raclée 6 buts à 0 reçue à Grenoble. L’amateurisme dans la gestion des sélections nationales s’est encore révélé au grand jour. C’est le 9 octobre que la majeure partie de la délégation camerounaise a mis le cap sur l’Hexagone, aux environs de 9h, pour un match prévu à 20h. Et pour cause, plusieurs joueuses n’avaient pas pu obtenir leurs visas à temps depuis Yaoundé.
Une procédure qui incombe pourtant à la Fédération camerounaise football (Fecafoot), en tant qu’instance administrative des sélections nationales de football. Rendu au sein de la Fédération pour en savoir davantage sur la question, l’on apprendra que le blocus se trouve généralement au niveau des ambassades. Tant les vérifications prennent du temps.
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Les footballeurs ne sont d’ailleurs pas les seules victimes. Au contraire. Tout le mouvement sportif national est inféodé par ce malaise. «Le problème ne se pose pas au niveau de l’organisation administrative de la sélection. Il me semble que les dispositions au niveau de la délivrance des visas deviennent de plus en plus compliquées. Vous imaginez qu’une sélection nationale est regroupée à Yaoundé. Et lorsqu’on vous dit que les joueurs qui produisent les certificats de travail sous la forme de la photocopie de licence doivent plutôt introduire leur demande de visas à Douala, alors que la sélection est à Yaoundé, c’est incompréhensible.
Vous imaginez l’équipe de France regroupée à Clairefontaine, et qu’on demande aux joueurs de l’Olympique de Marseille d’aller chercher les visas à Marseille ou ceux d’Espagne d’aller demander le visa en Espagne ? Donc, voilà les problèmes qui surgissent généralement à la dernière minute», expliquait Engelbert Mbarga, du temps où il avait en charge la sélection nationale juniors.
Six de ses joueurs avaient alors été bloqués au Cameroun, faute de visas, alors que les U20 s’envolaient pour les jeux de la Francophonie 2013 à Nice en France. En août 2017, c’est la boxe qui a subi cette attitude devenue presqu’une «règle» au Cameroun. Des cinq boxeurs ayant validé leurs billets pour les championnats du monde de Hambourg en Allemagne, seuls Wilfried Seyi et Arsène
Fokou ont finalement assisté à la fête. Simplice Fotsala, Ulrich Yombo et Christian Ndzie Tsoye n’ont pas pu rallier l’Allemagne faute de visas. Les Camerounais n’ont pas pris part aux championnats du monde de lutte Hongrie 2017, tout comme les championnats du monde d’athlétisme de Londres la même année marqués par l’absence de la lanceuse Auriol Dongmo, véritable chance de médaille pour le Cameroun.
FÉDÉRATIONS
Selon un responsable à l’ambassade de France, s’exprimant sur le cas de la sélection nationale féminine sénior, «les demandes de visas ont été envoyées très tardivement par l’instance faitière». Propos corroborés par Martin Etonge, le secrétaire général de la fédération camerounaise de football (Fecafoot) :«La demande de visas a été déposée la semaine dernière. Il fallait étudier tous les documents.
Un délai trop court pour l’ambassade, obligée de vérifier les dossiers de vingt-deux personnes, et qui ne pouvait officiellement en traiter que six par jour». En juin 2017, Maboang Kessack, alors sélectionneur des U23 n’avait pas eu droit à des joueurs locaux sélectionnés pour affronter la sélection française des U23. Courroucé, Maboang Kessack avançait alors :
«Comme d’habitude, nous avons attendu la dernière minute pour aller demander les visas. C’est incroyable. L’équipe est en stage depuis longtemps, les gens ont attendu le dernier jour pour se présenter à l’ambassade», s’offusquait-il à cette époque.