Dans un rapport intitulé « Crise anglophone au Cameroun : le dialogue demeure l’unique solution viable », publié le 21 décembre 2017 par l’International Crisis Group (ICG), l’institution estime que la récente flambée de la violence dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest semble indiquer « la naissance d’une insurrection » au Cameroun.
« Le gouvernement doit, pour éradiquer la violence en cette année électorale délicate, mettre en œuvre des mesures politiques qui réduiront le soutien croissant qu’obtiennent les insurgés », suggère l’organisation belge. Elle indique que le Cameroun a besoin d’aide de ses partenaires internationaux pour « entamer un dialogue avec les dirigeants anglophones pacifiques afin de discuter des questions de décentralisation et de gouvernance du pays ».
L’ICG relève qu’en août 2017, elle avait a tiré la sonnette d’alarme sur le risque d’une insurrection dans ces deux régions du Cameroun « si un dialogue sincère, accompagné de mesures fortes de décrispation, n’était pas entamé ». Elle regrette que la crise dite anglophone a franchi un cap en novembre 2017 quand elle s’est accompagnée d’attaques armées contre les forces de défense camerounaises.
« Depuis lors, au moins seize militaires et policiers ont été tués et une vingtaine blessés, suite à treize attaques menées par des séparatistes. C’est quatre fois le nombre de militaires tués par Boko Haram à l’Extrême-Nord au cours de la même période », renseigne l’Ong.
Elle estime que c’est suite à la répression par les forces de défense et de sécurité des manifestations du 22 septembre et du 1er octobre 2017 que les séparatistes anglophones se sont endurcis et ont gagné en popularité.
« Des recrutements de combattants et la présence de camps d’entrainement dans les localités frontalières ont été signalés par les médias officiels camerounais et des sources diplomatiques contactées par Crisis Group. Les participants à la lutte armée sont répartis en deux catégories. La première serait constituée d’une dizaine de groupuscules violents ou groupes d’autodéfense, comptant en moyenne dix à 30 membres chacun : à l’instar des Tigers, Vipers ou Ambaland forces », informe l’ICG.
L’ICG trouve que la déclaration de guerre Par Paul Biya contre les sécessionnistes anglophones, la militarisation du Sud-Ouest, des mandats d’arrêt internationaux contre les dirigeants sécessionnistes et l’état d’urgence imposé dans le département de la Manyu, sont des actions qui démontrent malheureusement le « refus de dialoguer sincèrement avec les militants fédéralistes anglophones qui n’ont jamais prôné la violence, et dont certains ont été incarcérés en janvier 2017 pour des motifs politiques ».
Elle trouve que la réponse militaire seule, est inappropriée pour cette guerre contre les sécessionnistes. « Le président Biya ne parviendra que difficilement à stabiliser les régions anglophones par la seule riposte militaire, et ce serait au prix d’une guerre contre-insurrectionnelle laborieuse et couteuse », prévient l’ICG.