Accusé de détournement des fonds, le sort de l’administrateur provisoire de la CBC est suspendu aux assises de la Commission bancaire de l’Afrique centrale prévues à Libreville ce vendredi 11 décembre 2015.
C’est un communiqué de presse rendu public cette semaine, plus précisément le 09 décembre 2015, qui renseigne sur les dernières mesures répressives prises par la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac). Il y est fait état de ce que, un mois auparavant, le 09 novembre 2015, la Cobac a pris trois importantes décisions à l’issue d’une session disciplinaire. Lesdites décisions sont en rapport avec la Compagnie équatoriale pour l’épargne et le crédit d’investissement (Comeci). D’une part, le cabinet Cadorex, représenté par le nommé Joseph-Aimé Njomkam, officiant comme Commissaire au compte de la Comeci, s’est vu interdit «de contrôler les opérations ou d’’exercer des fonctions au sein de la direction générale ou du conseil d’administration d’un établissement de crédit ou de microfinance sur l’ensemble du territoire des Etats membres de la Cemac pendant une durée de cinq (05) ans.» D’autre part, le président du conseil d’administration, François Simo, ainsi que le directeur général, Lucas Samo, sont l’un et l’autre frappés d’une interdiction d’exercer pendant cinq ans pour le premier et dix ans pour le second.
Ces décisions sont révélatrices d’une certaine dynamique d’assainissement au sein de la Cobac. Du coup, l’on subodore que la même logique pourra gouverner ses prochaines assises prévues ce 11 décembre 2015 à Libreville. Surtout que l’institution est confrontée à un gros morceau : le cas de la CBC. La banque est prise en otage par une administration provisoire caduque, qui ne doit son prolongement qu’à un ministère des Finances réfractaire aux avis de la Cobac. Par ailleurs, l’administrateur provisoire est au coeur d’un scandale de détournement des fonds. La volonté de la Cobac de faire rembourser l’argent soustrait des caisses aux travers de fallacieux prétextes s’est heurtée à un refus de M. Njanga Njoh.
Comme nous l’indiquions dans notre édition du lundi 07 décembre 2015, la Cobac aura assurément à coeur l’affirmation de son autorité de garant de l’éthique financière dans la sous-région. L’institution fait face à une résistance ouverte des autorités camerounaises pour mettre fin à l’administration provisoire. En rappel, le 30 janvier 2015, le président de la Cobac s’émouvait des blocages dans l’«évolution de la situation de la CBC». A travers une correspondance au ministre camerounais des Finances, Alamine Ousmane Mey, Lucas Abaga Nchama s’offusquait de ce qu’à l’issue de l’assemblée générale mixte des actionnaires, convoquée par l’administrateur provisoire de la CBC Camer.be, Martin Luther Njanga Njoh, «l’Etat n’a toujours pas désigné ses représentants au conseil d’administration qui, à son tour devrait désigner les membres de la direction générale». Après avoir rappelé que la fin de la restructuration de banque camerounaise était fixée au 31 décembre 2014, il a instamment demandé au Minfi «de bien vouloir user de [son] autorité pour faire avancer ce dossier ».
Il y est même allé d’une menace à peine voilée : «La période de restructuration étant achevée sans que la CBC respecte la règlementation prudentielle… » Mais rien ne semble bouger depuis près d’un an tandis que M. Alamine Ousmane Mey proroge perpétuellement le mandat de l’administrateur provisoire de la CBC. L’autre point saillant du dossier CBC est le détournement des fonds de la banque par l’administrateur provisoire. Au 31 octobre 2013, une mission de contrôle de la Cobac a évalué l’argent détourné à 108 millions de francs Fcfa. Un chiffre qui aurait grimpé depuis lors. Le 9 avril 2014 pourtant, Lucas Abaga Nchama appelait Martin Luther Njanga Njoh «à procéder, sans délai, au remboursement de toutes les sommes qui lui ont été versées au titre de sa rémunération en dehors de celles expressément visées dans la décision Cobac fixant celle-ci». Une injonction à rembourser a été à nouveau servie à l’administrateur provisoire de la CBC, le 12 mars 2015, «après de nombreuses correspondances à caractère litigieux». En vain.
Ce vendredi 11 décembre 2015, la Cobac devrait donc finalement se décider à frapper avec vigueur. Autant pour les fonds détournés et non remboursés par M. Njanga Njoh, qu’au sujet d’une administration provisoire désormais caduque et qui semble installer un interminable prolongement.