« Les véritables défis auxquels nous devons apporter rapidement des solutions sont ceux relatifs au choix du meilleur mix énergétique pour notre pays, du schéma optimal pour une gestion efficace de notre réseau de transport et du modèle financier le plus pertinent pour attirer les investissements et assurer la stabilité financière du secteur ».
Dixit Joël Nana Kontchou, directeur général d’Eneo Cameroon, le 28 avril dernier à Douala lors de l’inauguration de la centrale à gaz de Bassa-Logbaba, d’une capacité de 50 MW.
Le terme « mix énergétique » fait donc référence à la façon dont un pays inclut les énergies fossiles (fuel, gaz naturel…) et les diverses énergies renouvelables (éolien, hydraulique, solaire…).
Avec une puissance totale installée de 1292 MW, le mix de production énergétique du Cameroun est constitué de 57% de source hydraulique, 21% de source thermique au gaz, 10% de source thermique au fuel léger et 13% de source thermique au fuel lourd.
Cette capacité installée tient compte de celle d’Eneo (990 MW) et des producteurs indépendants à savoir la Dibamba Power Development Company (DPDC) avec sa centrale de Yassa Dibamba (86 MW au fuel lourd) et la Kribi Power Development Company (KPDC) avec sa centrale de Kribi (216 MW au gaz).
A l’état actuel, le mix énergétique du Cameroun n’est pas le plus approprié de l’avis des acteurs du secteur. Ceci en raison du coût élevé du carburant qui pèse sur les tarifs et de l’impact des centrales thermiques au fuel (conçues comme solution d’appoint) sur l’environnement. L’objectif recherché est de parvenir à un mix qui donne plus de place au gaz et aux énergies renouvelables jugés moins chères et non polluantes.
De la promotion des énergies renouvelables justement, il a en a été question, ces dernières semaines. Le Cameroun dispose effectivement de plusieurs sources d’énergies renouvelables exploitables, notamment pour la production de l’électricité.
Il s’agit de l’énergie hydraulique (issue des nombreux cours d’eau et ruisseaux dont regorge notre pays), l’énergie de biomasse (résidus agricoles et forestiers, déchets alimentaires, matières organiques issues des déchets municipaux et industriels), l’énergie solaire (avec un potentiel variant de 4 kWh/m2/j dans la partie sud du pays à 6kWh/m2/j dans la partie septentrionale), l’énergie éolienne (avec des vitesses de vent favorables supérieures à 2m/s dans les régions de Kaélé et du Lac Tchad, et atteignant 6,6m/s sur le mont Bamboutos), l’énergie géothermique (avec un potentiel dans les localités de Meiganga, Tignère, Ekondo Titi et Nwa situées entre le 7e et le 8e méridien) enfin, les énergies marines (des vagues, des marées, des courants sous-marins, dont le potentiel est avéré le long de la côte atlantique sud-ouest du pays).
Eneo Cameroon envisage de construire des centrales photovoltaïques qui viendront en appui aux centrales diésels existantes. Il s’agira de centrale hybride (de source solaire en journée et de source thermique en soirée). Le projet se déroulera en plusieurs phases. Pendant la première phase, les centrales solaires seront développées dans les localités de Djoum, Lomié, Bertoua, Yokadouma, et Ngaoundal.
Dans une seconde phase, le projet couvrira d’autres localités isolées. C’est dans l’optique de réduire les charges en carburant et d’améliorer la couverture de la demande. Ce projet fait suite à une étude menée par la compagnie sur les 25 centrales isolées fonctionnant au gasoil qu’elle gère sur l’ensemble du territoire.
Etude qui a révélé que la demande en électricité croît de 5%, que le parc de production actuel y est vieillissant et que la demande y est contrainte par l’insuffisante des capacités de production. De plus, en raison d’un système de péréquation tarifaire, Eneo-Cameroon y applique le même tarif malgré le fait que le coût de revient du kWh y est deux à quatre fois supérieur au tarif moyen de l’électricité.
Dans son exposé sur la « stratégie gouvernementale de promotion des énergies renouvelables », lors du conseil de Cabinet d’avril, le ministre de l’Eau et de l’Energie (dont le ministère abrite depuis 2012 une direction dédiée aux énergies renouvelables) a parlé du projet d’implantation de mini-centrales solaires dans 166 localités à moyen terme et 1000 localités à terme qui est en cours sur l’étendue du territoire national.
A cela, il faut ajouter des projets qui concernent la promotion du biogaz et de la micro-hydroélectricité, et dont l’objectif est d’accroître la part des énergies renouvelables dans le mix-énergétique du Cameroun. Un plan de développement des énergies renouvelables est en cours d’élaboration.
Pour l’heure, comme prescrit lors du conseil de Cabinet, il est question de parachever les travaux relatifs à l’adaptation du cadre juridique des énergies renouvelables et la mise à jour, en relation avec les administrations concernées, du volet énergies renouvelables du Plan de développement du secteur de l’électricité.