Les deux ont un commun le fait d’avoir été secrétaire général à la présidence de la république. L’un a occupé cette fonction pendant deux ans (de 1994 à 1996), il s’agit de Titus Edzoa. L’autre, Marafa Hamidou Yaya, a été titulaire de ce poste pendant quatre ans (de décembre 1997 en aout 2002).
Marafa Hamidou Yaya confirme les propos de Titus Edzoa sur les pratiques mystiques de Paul Biya
Après avoir passé environ vingt-cinq années aux côtés de Paul Biya en tant que très proche collaborateur et membre du RDPC, Marafa Hamidou Yaya, après le déballage de Titus Edzoa sur les pratiques mystiques de Paul Biya, vient lui aussi confirmer que le président camerounais est un homme « mystique jusqu’à l’occultisme » et dévoile ce qui explique le décalage qu’il y a entre les discours du chef de l’État et ses actes.
Cette déclaration, il l’a faite dans une longue interview accordée au journal "Germinal" parue dans le Numéro 108 du lundi 10 juillet 2017. Une interview dans laquelle il a aussi révéler que la façon dont Paul Biya exerce le pouvoir tient à deux choses : « d’une part, à son caractère, réfléchi, prudent, conservateur, naturellement méfiant (les évènements de 1984 ont accentué ce trait), pessimiste quant à la nature humaine, secret, charmeur, jovial; et d'autre part, à la pratique institutionnelle dont il a hérité de son prédécesseur, et qui lui permettent de s'inscrire dans une tradition faite de clientélisme tribalo-religieux, de répressions violentes des manifestations anti- gouvernementales, d'instrumentalisation du sentiment national ».
Paul Biya ne connait pas la réalité du Cameroun
Pour Marafa Hamidou Yaya, ce qui explique le décalage qu’il y a entre les discours du chef de l’État et ses actes tient « en grande partie à son isolement qui le coupe de la réalité du peuple ». Selon lui, Paul Biya ne connait le Cameroun que « sur la foi de rapports, mémos, et notes des collaborateurs ou des organismes internationaux. »
L’ex-ministre regrette le fait que le président camerounais ne va pas « à la rencontre des concitoyens sur le terrain » et explique que cela est « indispensable pour apprécier les besoins réels du pays. » Il cite en exemple le cas de la catastrophe ferroviaire d’Eséka et fait savoir au président qu’« aller sur les lieux d'un terrible accident ferroviaire n'est pas seulement le moyen de montrer sa compassion, mais aussi prendre la mesure des facteurs environnants tels que : les implications des régimes de concessions, la politique d'achat des équipements, le maillage sanitaire du pays. »
Marafa Hamidou Yaya, ex-secrétaire général à la présidence de la république, ex-ministre d’Etat en charge de l’Administration territoriale et de la décentralisation
Marafa Hamidou Yaya ne demande pas la grâce présidentielle
Enfin, Marafa Hamidou Yaya estime que « la concentration des pouvoirs à Yaoundé, entre les mains jalouses de quelques ministres, ou crypto ministres, est un frein à la mise en œuvre des projets ».
À la question de savoir si depuis son emprionnement en 2012 il lui est déjà venu à l’esprit de demander la Grâce présidentielle, il répond « non » parce que, explique-t-il, « la grâce présidentielle n'est pas un droit. Elle s'accorde, elle ne se demande pas. »
Pour rappel, Marafa Hamidou Yaya, également ex-ministre d’Etat en charge de l’Administration territoriale et de la décentralisation, est accusé de malversations financières dans le cadre de l’achat d’un avion présidentiel baptisé "Albatros" et est incarcéré depuis le 16 avril 2012 dans une cellule du secrétariat d’Etat à la Défense (SED).